Dans une pétition publiée lundi dans Libération, 39 psychiatres (dont des représentants des principaux syndicats), psychologues et psychanalystes dénoncent la réforme de l'hospitalisation d'office et appellent la profession de «sortir de la résignation.»

Réunis à l'initiative d'Hervé Bokobza, psychiatre à Montpellier, à l'origine des Etats généraux de la psychiatrie de 2003, ils dénoncent un «plan pour la psychiatrie aux conséquences dévastatrices», après les propos tenus par Nicolas Sarkozy le 2 décembre, sur un projet de loi réformant l'hospitalisation psychiatrique d'office.

Des propos perçus comme un grand retour en arrière par plusieurs. Se multiplient depuis initiatives et prises de positions au sein de la psychiatrie, parfois contradictoires. Il y a les tenants d’une réponse forte au projet de réforme et il y a ceux qui ne veulent pas se laisser enfermer dans un discours «pour ou contre la sécurité».

«Les fondements même de la psychiatrie ont été attaqués avec la plus grande brutalité» dans ce projet de réforme, dénoncent les 39.

Le projet prévoit de réformer le processus de sortie des patients, décidée jusque-là par un médecin. Désormais la décision appartiendrait au préfet, après avis d'un groupe constitué d'un médecin traitant, d'un cadre infirmier, et d'un psychiatre extérieur à l'hôpital. Il prévoit l'utilisation de bracelets électroniques pour les malades. Il comporte aussi l'instauration d'une obligation de soins pour toute personne présentant des problèmes mentaux, même «sans son consentement».

«Il aura suffit d'un fait divers dramatique pour relancer la politique de la peur, dont le projet de centres de rétention de sûreté, tout comme les soins sans consentement (...) sont le parachèvement», soulignent les signataires. En novembre, un étudiant avait été poignardé en pleine rue par un patient schizophrène qui avait fugué d'un hôpital grenoblois.

Ils citent des chiffres du rapport de la commission Violences et santé mentale, selon lesquels, en 2005, sur 51411 mis en examen, 212 personnes ont bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité pénale, «c'est-à-dire 0,4% des crimes et délits», soulignent-t-ils.

«En tant que jeunes internes, on se sent coincés. Les chambres d’isolements ? On y a été habitués. L’omniprésence des neuroleptiques aussi. Les psychiatres sont complices. C’est un appel aux plus vieux ! Réveillez-vous, prenez position», a lancé le président des internes en psychiatrie, lors de la rencontre des 39 vendredi soir. (Libération)

Au 15 décembre, 402 personnes avaient signé la pétition des 39.

Psychomédia avec sources:
Le Figaro
Libération