Dans une étude, publiée dans la revue Cerebral Cortex, des chercheurs de l'université de Stanford ont observé les modifications de l'activité du cerveau se produisant durant l'hypnose.

David Spiegel et ses collègues ont identifié, parmi 545 personnes, 36 personnes particulièrement réceptives aux suggestions hypnotiques et 21 personnes très peu susceptibles d'être hypnotisables. Environ 10 % de la population seulement sont très hypnotisables, indique le chercheur.

Au moyen de l'imagerie par IRM, trois changements ont été observés lors de l'hypnose :

  • Un résultat particulièrement intrigant, selon le chercheur, est une diminution de l'interaction entre le cortex préfrontal dorsolatéral (siège de la planification, des fonctions exécutives…) et le circuit du mode par défaut (qui inclut le cortex préfrontal médian et le cortex cingulaire postérieur).

    Cette diminution de connectivité représente probablement le décalage entre les actions et la prise de conscience des actions, dit Spiegel. « Quand vous êtes vraiment engagé dans quelque chose, vous ne pensez pas vraiment que vous le faites », dit-il. Au cours de l'hypnose, cette dissociation entre l'action et la réflexion permet de se livrer à des activités suggérées sans consacrer de ressources mentales à être conscient de le faire. (De sorte, raconte le chercheur dans le New York Times, qu'un hynoptiseur peut amener un entraîneur de football à danser comme une ballerine sans qu'il se sente gêné de ce qu'il fait.)

  • Une diminution de l'activité a été constatée dans la région dorsale cingulaire antérieure, qui fait partie du réseau de saillance, lequel sélectionne les stimuli pertinents sur lesquels porter l'attention. « Dans l'hypnose, vous êtes tellement absorbé que vous ne vous souciez de rien d'autre », explique le chercheur.

  • Une augmentation de la connectivité entre deux régions est aussi constatée : le cortex préfrontal dorso-latéral et l’insula. Il s'agit, explique le chercheur, une connexion corps-esprit qui aide le cerveau à déterminer et contrôler ce qui se passe dans le corps.

« Chez les personnes qui peuvent être facilement hypnotisées, souligne le chercheur, l'hypnose se montre efficace dans la réduction de la douleur chronique, la douleur de l'accouchement et d'autres procédures médicales ; le traitement de la dépendance au tabac et le syndrome de stress post-traumatique ; ainsi que le soulagement de l'anxiété ou de phobies. »

Les résultats de la présente étude pourraient ouvrir la voie à des traitements pour les personnes peu hypnotisables. « Nous sommes certainement intéressés par l'idée qu'il soit possible de changer la capacité d'être hypnotisé en stimulant des régions spécifiques du cerveau », dit-il.

« Un traitement combinant la stimulation cérébrale avec l'hypnose pourrait améliorer les effets analgésiques connus de l'hypnose et potentiellement remplacer les médicaments antidouleur et anxiolytiques qui ont des effets secondaires et créent une dépendance », dit-il. Évidemment, les recherches doivent se poursuivre avant qu'un tel traitement puisse être mis en œuvre.

Psychomédia avec sources : Stanford University, New York Times, Cerebral Cortex.
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