« La face cachée du cours Éthique et culture religieuse » (Leméac, août 2016) réunit plusieurs auteurs sous la direction de Normand Baillargeon, ex-professeur de philosophie de l'éducation à l'UQAM et de Daniel Baril, anthropologue.

Le cours « Éthique et culture religieuse » (ÉCR) a remplacé, en 2008, l’enseignement religieux confessionnel et l’enseignement moral au Québec alors que l’école offrait jusque là une option entre enseignement religieux et formation morale, le cours ÉCR est un cours unique et obligatoire pour tous.

« Ce cours soulève de nombreux problèmes philosophiques, éthiques, pédagogiques et juridiques », peut-on lire dans l'introduction.

Une première partie du livre porte sur les lacunes du cours et une deuxième propose des solutions.

Daniel Baril s'est notamment penché sur les contenus d’une vingtaine de manuels et cahiers destinés aux élèves du primaire et du secondaire. Il souligne notamment que « l’incroyance, l’athéisme, l’humanisme et l’absence de pratique religieuse sont totalement absents des modes de vie présentés et valorisés dans ces manuels. Le programme qui vise le “vivre ensemble”, la “reconnaissance de l’autre” et le “respect des différences” exclut ainsi quelque 80 % de la population. »

Dans un second chapitre, il estime, à la lumière des deux jugements rendus par la Cour suprême du Canada sur le cours ÉCR combinés à un troisième jugement interdisant les prières municipales au nom de la neutralité de l’État, « qu’une requête visant le retrait du volet religieux de ce cours au nom de la liberté de conscience et de l’égalité des religions aurait toutes les chances d’être remportée ». Le cours, précise-t-il, «  ne respecte par ailleurs pas les balises établies par la Commission des droits de la personne pour assurer sa conformité avec la Charte des droits et libertés ».

« Normand Baillargeon rappelle pour sa part les raisons théoriques, certaines bien connues depuis longtemps, qui font qu’il est bien hasardeux de penser pouvoir enseigner la morale. Les piètres résultats des tentatives dans ce domaine le démontrent. À partir d’une distinction entre éthique du juste et éthique du bien, il propose un enseignement civique centré sur “le savoir politique du citoyen en faisant connaître les valeurs sur lesquelles repose notre conception de la citoyenneté”. L’école, à son avis, “devrait promouvoir ce que l’on appelle les vertus épistémiques, celles relatives à la recherche désintéressée de la vérité, à l’écoute respectueuse des arguments d’autrui, à la capacité à réagir comme il convient à des bons arguments. De telles vertus sont possiblement bien servies par la pratique de la philosophie pour enfants”, estime-t-il. »

Un extrait de l'introduction publié par Voir présente la contribution de chaque auteur.

Normand Baillargeon vient aussi de publier « Enseigner au Québec ». Il a aussi notamment publié « Petit cours d'autodéfense intellectuelle ».

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