La solitude est, selon une définition psychologique consensuelle, un sentiment qui résulte d'un décalage perçu entre les niveaux souhaités ou attendus de relations sociales et les niveaux réellement atteints.

Cet écart peut être considéré comme le « mécanisme central » de la solitude, expliquent les auteurs d'une étude publiée en novembre 2022 dans la revue Perspectives on Psychological Science.

La solitude n'est pas équivalente à l'isolement social, soulignent-ils. Alors que ce dernier se rapporte à des caractéristiques objectives de la situation d'une personne, telles que le nombre ou la proximité des contacts sociaux qu'elle a, la solitude est une expérience fondamentalement subjective.

Se basant sur des recherches en psychologie, Samia C. Akhter-Khan du King’s College London et ses collègues (1) présentent un modèle qui décrit six attentes sociales (ou besoins sociaux) qui peuvent engendrer un sentiment de solitude lorsqu'elles ne sont pas comblées.

« Si vous considérez la distribution de la solitude tout au long de la vie, il y a deux pics : l'un se situe au début de l'âge adulte, et l'autre à un âge avancé. » Akhter-Khan et ses collègues se sont particulièrement intéressés aux changements dans les attentes et la solitude qui surviennent en prenant de l'âge.

Quatre attentes sociales fondamentales et universelles

Nous voulons tous avoir dans notre vie des personnes à qui nous pouvons demander de l'aide, à qui parler, qui nous « comprennent », en qui nous pouvons avoir confiance, avec lesquelles nous pouvons partager des expériences plaisantes. Ce que les gens souhaitent de leurs relations évolue toutefois de diverses façons au cours de la vie et en prenant de l'âge.

  • La proximité et la disponibilité

    Cette attente concerne la fréquence et la facilité d'accès aux contacts sociaux. Lorsque des situations de vie changent, l'accès aux contacts sociaux peut s'en trouver modifié.

  • L'aide et le support

    Cette attente concerne la possibilité de recevoir de l'aide et du support émotionnel en cas de besoin. La quantité de soins et de soutien que les personnes âgées reçoivent est un facteur de protection essentiel contre la solitude.

  • L'intimité et la compréhension

    À tout âge, les gens souhaitent être aimés, acceptés et compris par les personnes proches. Ils souhaitent pouvoir faire confiance et s'ouvrir émotionnellement aux autres (par exemple, la validation personnelle et l'autodivulgation).

  • Le plaisir et les intérêts partagés

    Les intérêts partagés et les expériences agréables peuvent prendre la forme de passe-temps, d'activités de loisirs ou de groupes d'intérêt.

Deux attentes particulièrement importantes pour les personnes âgées

Les deux attentes suivantes, bien qu'intervenant à tout âge, prennent une importance particulière chez les personnes âgées et, lorsqu'elles ne sont pas comblées, contribuent souvent au sentiment de solitude.

  • La générativité et la contribution

    Le terme générativité, introduit par le psychologue Erik Erikson dans les années 1950, désigne la volonté d’apporter sa contribution à la société et d’aider la prochaine génération. Les personnes âgées sont particulièrement préoccupées par la générativité et motivées à laisser un héritage.

    Elles veulent également apporter leur contribution : rendre service aux autres et à leur communauté, transmettre des traditions ou des compétences par l'enseignement et le mentorat, le bénévolat, les soins ou d'autres activités significatives.

  • Le respect et la valorisation

    Les personnes âgées veulent se sentir respectées. Elles veulent que les gens les écoutent, s'intéressent à leurs expériences et apprécient ce qu'elles ont vécu et les obstacles qu'elles ont surmontés.

    L'attente de respect est importante à toutes les étapes de la vie. Mais en prenant de l'âge, l'obtention du respect peut être menacée par l'âgisme, la modernisation, l'évolution des structures culturelles et familiales, les limitations fonctionnelles et la perte de rôle.

Avant même la pandémie de COVID-19, des dirigeants mondiaux ont commencé à tirer la sonnette d'alarme sur la solitude en tant que problème de santé publique, mentionnent les chercheurs. La Grande-Bretagne a été le premier pays à nommer un ministre de la solitude, en 2018. Le Japon lui a emboîté le pas en 2021.

Pour plus d'informations sur le sentiment de solitude, voyez les liens plus bas.

(1) Matthew Prina, Gloria Hoi-Yan Wong, Rosie Mayston et Leon Li.

Psychomédia avec sources : Perspectives on Psychological Science, Duke University.
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