La mise au rancart ce mois-ci par le ministre de la santé français d'un rapport de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) de février 2004 en réaction à la colère du milieu psychanalyste sème l'indignation à l'Inserm, à la direction de la santé et chez associations de psychothérapeutes.

"L'affrontement entre la psychanalyse historique et les psychothérapies à l'américaine a pris une nouvelle dimension" lit-on dans Libération.

Dans ce rapport des chercheurs tentaient de comparer l'efficacité de différentes psychothérapies. Selon leurs conclusions, les thérapies dites cognitives se révélaient les plus efficaces.

"Fureur du monde analytique comme d'une bonne partie du milieu universitaire, pour lesquels ce travail est d'une grande pauvreté méthodologique, tant il repose essentiellement sur des critères de classification des troubles mentaux à l'américaine. «Plus grave, décortique Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse, ce rapport s'inscrit dans une montée en puissance de la démarche à tous crins de l'évaluation. Une démarche certes nécessaire pour tout ce qui est scientifique, mais désastreuse en psychologie, car, par définition, le psychisme qui caractérise tout sujet échappe à de telles évaluations.»

Les associations de psychothérapeutes montent au créneau: «Le rapport, aujourd'hui banni du site du ministère, a été réalisé, aux frais des contribuables, par huit experts choisis par l'Inserm, en toute indépendance. De surcroît, le directeur général de la santé a donné publiquement un satisfecit à ce rapport en soulignant sa valeur scientifique lors de sa présentation à la presse.»

Rappelons qu'en août 2004, l'Assemblée nationale a voté un amendement qui encadrait le titre de psychothérapeute, laissant la psychanalyse à l'écart. (À la différence du Québec, où le titre de psychologue est encadré et non le titre de psychothérapeute).

Selon Libératioon, "toute l'année passée, (le milieu psy) avait été secoué par l'affaire autour de l'amendement Accoyer qui visait à réglementer les psychothérapies. Avec une inquiétude centrale : l'Etat allait-il mettre son nez dans le monde de la psychanalyse, par nature singulier, personnel et échappant à une tutelle administrative ?"