En France, les familles de quatre personnes décédées qui prenaient un des nouveaux anticoagulants oraux (NACOs), le Pradaxa (dabigatran), ont porté plainte contre le laboratoire Boehringer Ingelheim, a indiqué leur avocat, Me Philippe Courtois.

Ce dernier, avec son confrère Jean-Christophe Coubris, rappellent toutefois l'importance de ne pas cesser ce traitement sans avis médical : "Le Pradaxa n'est pas un bon produit, mais ce serait bien plus dangereux de l'arrêter sans avis médical".

Ces nouveaux anticoagulants, apparus en 2008, sont prescrits pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux, notamment après une opération de la hanche ou du genou et chez les personnes souffrant de fibrillation auriculaire qui est trouble du rythme cardiaque.

Ils se démarquent des anticoagulants classiques de référence, les anti-vitamines K (AVK) tels que la Coumadine (warfarine, Coumadin au Canada), par leur facilité d’emploi car ils ne nécessitent pas de surveillance de la coagulation par des examens sanguins réguliers.

Le risque hémorragique du Pradaxa et des autres NACOs n'est pas supérieur à celui des antagonistes de la vitamine K (AVK), tels que la Coumadine ... "sauf pour les personnes âgées", explique Me Courtois. Selon la plainte, le médicament "n'a pas été assez étudié, notamment chez les patients les plus fragiles", âgés ou souffrant d'insuffisance rénale.

Un grave problème est qu'il "n'existe pas d'antidote, ni de traitement spécifique d'efficacité prouvée en cas de survenue d'un accident hémorragique", alors que "la survenue d'une hémorragie sous AVK est résorbable par l'administration de vitamine K". Pour cette raison, la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait en juillet dernier que "dans la plupart des cas, les AVK restent les anticoagulants oraux de référence".

Les plaignants déplorent "que le laboratoire n'ait pas commercialisé concomitamment le Pradaxa et son antidote, ce qui aurait évité de nombreux décès". Dans une vidéo présentée à la presse et envoyée en septembre à des médecins par le laboratoire, indiquent les avocats, il est expliqué que des antidotes, "en cours de développement", sont attendus en 2014.

Au Canada, où le médicament est commercialisé sous le nom Pradax, un recours collectif a été déposé en décembre 2012, par la firme d'avocats Merchant Law Group LLP. Jusqu'à présent, indiquait cette dernière en 2012, près de 900 déclarations au sujet de Pradax ou Pradaxa sont répertoriées dans la Base de données des effets indésirables de Santé Canada.

Les autres nouveaux coagulants oraux commercialisés en France sont Eliquis (apixaban) et Xarelto (rivaroxaban).

Psychomédia avec source: Le Nouvel Observateur (AFP). Tous droits réservés