Entre la pratique régulière d’un sport, le port de charges lourdes au travail ou la marche entre amis, les effets protecteurs de l’activité physique contre les maladies cardiovasculaires varient, montre une étude franco-australienne publiée dans la revue Hypertension.

« Notre idée était de regarder si toute activité physique est bénéfique, ou si dans certains cas, elle peut être délétère », explique Jean-Philippe Empana (Inserm, Université de Paris).

« Nous voulions notamment explorer les conséquences de l’activité physique réalisée dans le cadre du travail, en particulier les activités physiques pénibles comme le port répété de charges lourdes, qui pourraient avoir un impact négatif. »

Empana et ses collègues français et australiens se sont appuyés sur les données d'une grande étude française qui suit depuis dix ans plus de 10 000 volontaires, âgés de 50 à 75 ans et recrutés au cours d’un bilan de santé au Centre d’examen de santé de Paris.

Les participants ont rempli un questionnaire sur la fréquence, la durée et l’intensité de leur activité physique sportive, au travail et de loisirs (ex., le jardinage).

La santé des artères était évaluée au moyen d'une échographie de l’artère carotide (artère superficielle du cou). « Cet examen, l’“echo-tracking”, permet notamment de quantifier la sensibilité du baroréflexe, mécanisme d’adaptation automatique aux variations brutales de pression artérielle. Une altération de ce système peut engendrer d’importants problèmes de santé, et est associée à un risque élevé d’arrêt cardiaque. »

« Les chercheurs ont distingué deux composantes du baroréflexe : le baroréflexe mécanique qui correspond à une mesure de la rigidité de l’artère, et le baroréflexe neural, qui correspond à une mesure des signaux nerveux envoyés par les récepteurs présents sur les parois de l’artère, en réponse à une distension de celle-ci. Une anomalie de la composante mécanique est plutôt associée à des pathologies cardiovasculaires du vieillissement, alors qu’une anomalie de la composante neurale est plutôt liée à des pathologies rythmiques pouvant aboutir à un arrêt cardiaque. »

« L’activité physique sportive de haute intensité était associée à un meilleur baroréflexe neural. A l’inverse, l’activité physique au travail (de type port répété de charges lourdes) était plutôt associée à un baroréflexe neural anormal et à une plus grande rigidité artérielle. Elle pourrait donc être délétère pour la santé cardiovasculaire, et notamment être associée à des maladies rythmiques. »

« Bien sûr, toute activité physique au travail n’est pas mauvaise pour la santé, mais certaines activités physiques répétées comme le port de charges lourdes peuvent l’être », souligne le chercheur.

« Nous souhaiterions maintenant aller plus loin dans notre analyse des interactions entre activité physique et état de santé des personnes au travail », conclut Jean-Philippe Empana.

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Psychomédia avec sources : Inserm, Hypertension.
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