Le président de l'UFC-Que choisir, Alain Bazot, a demandé lors d'une conférence de presse, mardi 25 août, l'interdiction de toutes les substances reconnues comme dangereuses présentes dans les produits de consommation, de décoration et de construction ; un étiquetage sur la présence, en composition et en émission, des substances toxiques ; l'incitation à installer des systèmes de ventilation à double flux... Il est grand temps que la salubrité de l'habitat domestique devienne une priorité de santé publique, alerte l'association française de défense des consommateurs.
Trop méconnue, la pollution de l'air intérieur est un fléau environnemental et sanitaire plus dramatique encore que la pollution atmosphérique, considère l'association. "Au-delà des produits ménagers et désodorisants, la commode de votre chambre, votre tapis de salon, vos peintures, votre buffet, etc., dégagent un cocktail de 100.000 substances chimiques qui font partie de votre quotidien. (...) certaines d'entre elles contribuent à la formation de cancers, de problèmes de reproduction et d'allergie qui affectent d'abord les personnes les plus fragiles (enfants, femmes enceintes, personnes âgées).

L'association alerte depuis plusieurs années sur ce phénomène et a pointé plusieurs produits aux émissions nocives ( désodorisants d'intérieur, nettoyants ménagers, meubles, revêtement de sols, etc.). La liste de ces produits ne cesse de s'allonger comme le souligne le test de l'association sur les émissions des moquettes encollées. Sur huit moquettes testées, cinq dégagent du formaldéhyde (un gaz très irritant à très faibles doses), classé cancérogène ; certaines, du toluène, suspecté d'être mauvais pour la reproduction et un puissant neurotoxique ; et des éthers de glycol. Le maximum d'émissions de composés organiques volatils (COV), qui regroupent de nombreuses substances chimiques, relevé à huit jours est de 320 microgrammes par mètre cube (320 µg/m3), soit une valeur très supérieure au seuil de confort de 200 µg/m3.

Alors que des États comme la Californie aux États-Unis, et l'Allemagne ont fait la preuve qu'un véritable plan de lutte contre la pollution de l'air intérieur était possible, l'association déplore la passivité de la France et l'inefficacité de la directive européenne Reach, adoptée il y a quelques années. Cette dernière est largement en deçà des attentes, ne concernant qu'une substance chimique sur trois, sa mise en oeuvre s'étalant sur dix ans et les autorités européennes ne peuvant pas obliger la substitution de substances dangereuses.

Au niveau national, à la suite du Grenelle de l'environnement, au cours duquel l'UFC-Que Choisir avait exigé que soit mis sur la table ce dossier majeur, des mesures ont été adoptées, notamment l'étiquetage pour les matériaux de construction et de décoration, mais la plupart des produits de grande consommation ne sont pas encore concernés.

Psychomédia avec sources:
UFC-Que Choisir
Le Monde