Le British Medical Journal (BMJ) a publié vendredi le 4 juin, au terme d'une enquête conduite avec le Bureau of Investigative Journalism (BIJ) de Londres, un article qui montre que des scientifiques qui ont été influents pour établir les orientations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ayant amené plusieurs pays à stocker d'importantes quantités de médicaments antiviraux recevaient des paiements des compagnies pharmaceutiques vendant ces médicaments, Roche et GlaxoSmithKline (GSK).

Dans un document d'orientation en 2004, l'OMS conseillait : "Les pays qui considèrent l'utilisation d'antiviraux comme partie de leur réponse pandémique devront les stocker à l'avance". Cette recommandation a amené plusieurs pays à acheter de grandes quantités du Tamiflu de Roche et de Relenza de GlaxoSmithKline.

Trois scientifiques ayant participé à la rédaction de ces directives avaient déjà reçu des paiements des compagnies pharmaceutiques, indique le BIJ.

Les directives spécifiques sur les antiviraux ont été rédigées par le professeur Fred Hayden. Il était payé par Roche pour des conférences et des activités de conseil au moment où l'orientation a été élaborée et publiée. Il a reçu des paiements de GSK pour de la consultation et des conférences jusqu'en 2002. L'année précédente, il a également été l'un des principaux auteurs d'une étude parrainée par Roche qui affirmait que le Tamiflu réduisait de 60% des hospitalisations, ce qui allait devenir un argument de vente pour le Tamiflu (des résultats qui n'étaient pas vérifiables selon une étude publiée en décembre 2009 dans le BJM).

Dr Arnold Monto a été l'auteur de l'annexe de l'OMS portant sur l'utilisation de vaccins dans les pandémies. Entre 2000 et 2004, et au moment de la rédaction de l'annexe, Monto était payé pour des consultations et du support à la recherche par Roche et GSK.

Le professeur Karl Nicholson a participé à l'élaboration du document influent Pandemic Influenza. Il déclarait en 2003 être subventionné pour des travaux par GSK et Roche.

L'indépendance du Groupe de travail scientifique européen sur la grippe (ESWI), financé entièrement par les laboratoires, est aussi mise en question par le journal.

En même temps que la publication du BJM, la commission santé de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté vendredi le 4 juin un rapport très critique sur la gestion de la pandémie par l'OSM qui met également en cause l'indépendance de l'organisme vis-à-vis l'industrie pharmaceutique.

Psychomédia avec sources:
The Guardian, AFP
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