Le Comité national d'éthique a dénoncé vendredi dernier, dans un nouveau rapport, la condition sanitaire des prisonniers en France.

Ce sont d'abord les plus vulnérables qui sont incarcérés. Ils appartiennent à une population jeune, marginalisée, pauvre et désinsérée sur tous les plans. Près d'un tiers des 85 000 entrants (pour l'année 2005) est toxicomane, 10 % vivent dans un domicile précaire, 5 % sont sans abri, plus du quart a quitté l'école avant 16 ans, plus de 15 % sont illettrés.

Le Comité d'éthique insiste sur le fait qu'il y a aujourd'hui sept fois plus de suicide que dans la population générale, (122 en 2005 mais 950 tentatives) et qu'il y a 20 % de malades mentaux sous les verrous - 8 000 atteints d'une psychose avérée et 4 000 schizophrènes. Alors que ces personnes ne sont absolument pas à leur place dans un tel lieu et qu'elles mettent en péril la sécurité et la santé de leurs codétenus. Elles devraient bien évidemment bénéficier de soins en hôpital psychiatrique.

Ils insistent aussi sur la surpopulation carcérale, source de promiscuité intolérable (quatre détenus dans 9 m² et une seule toilette), mais aussi responsable de l'exposition des plus faibles à la violence des codétenus, de la difficulté d'accès aux soins d'urgence, de la mise à mal du secret médical, en un mot du non-respect de la personne. Ils stigmatisent le recours au menottage pendant les consultations médicales et l'hospitalisation, « traitement inhumain et dégradant, mettant en péril la relation de confiance entre le médecin et le malade ».

Par ailleurs, pour donner un « exemple » de l'état de la santé en prison, l'Observatoire international des prisons dénonçait la semaine passée que, incarcéré dans la maison d'arrêt de Nantes, un prévenu attend depuis 21 mois une consultation dans un centre antidouleur. « A.G. est titulaire d'une carte d'invalidité à 80 %. Il attend depuis 21 mois une consultation au Centre d'évaluation et de traitement de la douleur du CHU de Nantes. Depuis le début de sa détention provisoire, trois rendez-vous ont été annulés, soit par le CHU soit par les services pénitentiaires. »

Le 17 novembre dernier, Au centre de détention de Bapaume (62), le parquet s'opposait à la libération d'un malade du cancer des poumons. « Cette personne, dont le pronostic vital est engagé à moyen terme, a de plus été hospitalisé d'office durant le mois de septembre en raison d'un état dépressif majeur avec un risque suicidaire. »

Rappelons que la France a été condamnée tout récemment par la Commission nationale consultative des droits de l'homme en 2006 pour non-respect élémentaire de la personne en prison.

PsychoMédia avec sources:
Le Figaro
Actualités News Environnement

Voyez également:

Augmentation des problèmes de santé mentale chez les détenus, soins insuffisants (Canada)