Selon Muriel Eliaszewicz, responsable de la direction de l'Evaluation des risques nutritionnels et sanitaires à l'Afssa (1), interviewée par LCI.fr (TF1), les conclusions d'une étude américaine qui associait le foie d'oie à la transmission possible d'une rare maladie, l'amylose, doivent être pondérés.

Selon la recherche de l'Université du Tennessee (États-Unis), publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, la consommation de foie gras accélérerait chez des souris génétiquement modifiées l'amyloïdose, une accumulation de protéines dans certains organes vitaux (foie, rein et rate) et conduire à de graves insuffisances rénales et hépatiques.
Par exemple, la maladie de Creutzfeld-Jakob (maladie de la vache folle, transmise par la viande de boeuf aux humains) est une amylose dont le type de protéine impliqué est le prion. La maladie d'Alzheimer est aussi caractérisée par l’apparition de plaques amyloïdes sur les neurones.

"Manger du foie gras ne devrait probablement pas déclencher de maladie chez quelqu'un qui n'y est pas génétiquement prédisposé", indiquait Alan Solomon, principal auteur de cette étude. Mais, selon lui, "les gens qui ont des antécédents familiaux avec la maladie d'Alzheimer, le diabète, la polyarthrite rhumatoïde ou d'autres maladies à amyloïde devraient éviter de manger du foie gras et d'autres aliments contaminés".

"Nous avons identifié quatre points qui doivent conduire à pondérer les conclusions des chercheurs", expose Mme Eliaszewicz. "Premièrement, les souris utilisées sont "prédestinées" génétiquement à développer spontanément une amylose. Spontanément, c'est-à-dire sans apport extérieur. Deuxième point : les chercheurs ont utilisé des extraits de foie gras ayant subi des traitements drastiques, à base d'acétone ou de guanidine notamment. Ce sont des traitements utilisés classiquement en laboratoire mais qui peuvent modifier en eux-même la structure des protéines dans le foie gras.

Par ailleurs, pour identifier les plaques d'amylose, ils ont utilisé une coloration dite "rouge-congo", comme il est d'usage. Or, depuis deux ans, cette coloration n'est plus considérée par certains laboratoires comme spécifique des amyloses. Enfin, à ce jour, il n'existe, aucune étude épidémiologique qui fasse le lien entre la consommation de foie gras et l'apparition d'amylose humaine."

L'Afssa, pour ces raisons, est assez réservée sur les conclusions et les recommandations de cette étude.

(1) Agence française de sécurité sanitaire des aliments

Psychomédia avec sources: LCI
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