Le nombre d'enfants survivant après une naissance très prématurée a augmenté au cours des dernières décennies. Une importante recherche française publiée dans la revue The Lancet révèle toutefois des résultats inquiétants sur le développement des grands prématurés.

Près de 40 % d'entre eux présentent des troubles moteurs, sensoriels ou cognitifs (mentaux) à l'âge de 5 ans, selon cette étude coordonnée par Béatrice Larroque de l'Inserm et ses collègues.
Peu d'études de grande ampleur ont évalué l'évolution des grands prématurés. L'enquête Epipage (Etude épidémiologique sur les petits âges gestationnels) est la plus importante jamais réalisée.

Quelques 1817 anciens grands prématurés et 664 enfants nés à terme d'un groupe de comparaison ont subi un bilan médical, une évaluation neuropsychologique et un examen de la vision et de l'audition à l'âge de 5 ans.

"Nous avons mis en évidence un lien fort entre âge gestationnel et l'importance des déficits", explique Mme Larroque.

"Les taux de déficience sont d’autant plus élevés que les enfants sont nés plus prématurément, tant pour les déficiences motrices que pour les déficiences visuelles ou cognitives. Ainsi, 18 % des enfants nés à 24-26 semaines de grossesse présentent une paralysie cérébrale à 5 ans, contre 12 % de ceux nés à 29 semaines et 4 % de ceux nés à 32 semaines." Les enfants nés à 24 semaines encourent des risques de séquelles encore plus élevés.

Dans l'ensemble, 40 % des anciens grands prématurés présentaient une déficience motrice, sensorielle ou cognitive.

Quelque 5 % entraient dans la catégorie des troubles sévères en raison d'une infirmité motrice cérébrale (IMC) empêchant l'enfant de se déplacer, d'un mauvais résultat à l'examen neurologique ou d'une déficience visuelle ou auditive marquée.

Alors que 9% entraient dans la catégorie des troubles modérés, par exemple pour une IMC permettant à l'enfant de se déplacer avec une aide. Tandis que 25 % de ces enfants avaient des déficits considérés comme mineurs.

Le test d'évaluation des capacités cognitives, équivalent au test du quotient intellectuel, a montré que 32 % des grands prématurés présentaient un résultat inférieur à 85 (la normale étant de 100) et 12 % un résultat inférieur à 70 %, contre respectivement 12 % et 3 % chez les enfants nés à terme.

"L'étude nourrira sans doute la réflexion, commentent les auteurs, sur les limites à partir desquelles les médecins franchissent le seuil de l'"obstination déraisonnable", selon les termes employés par le Comité consultatif national d'éthique en 2000 pour désigner l'acharnement thérapeutique.

Le débat n'est pas tranché en France. Certaines équipes médicales réaminent des bébés de moins de 24 semaines, pesant à peine quelques centaines de grammes. D'autres ne le font pas.

Psychomédia avec sources: Le Monde, Libération.
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