Plusieurs personnes atteintes d'acouphènes ont un comportement de retrait et une vision négative de la vie, selon une thèse de doctorat du University Medical Center Groningen (UMCG). Les personnes pour qui les acouphènes affectent la qualité de vie de façon importante vivent souvent de l'anxiété et de la dépression. Quatre à cinq pour cent des personnes atteintes se sentiraient sérieusement limitées car, par exemples, elles ont de la difficulté à se concentrer et à dormir.

Jusqu'à maintenant aucun traitement ne s'est avéré efficace pour la majorité des personnes souffrant d'acouphènes. Une approche multidisciplinaire est essentielle, dit Mme Hilke Bartels, auteure de la thèse.

Pendant longtemps, on a supposé que la cause des acouphènes résidait dans l'organe auditif lui-même. Il est maintenant clair qu'elle se trouve plutôt dans le cerveau.

Des parties du cerveau dans la région de l'audition émettent des signaux continus qui sont la cause du "bruit fantôme". Cette suractivité est généralement le résultat d'une perte d'audition. Cependant, le bruit, une infection ou une opération de l'oreille, ou encore un problème de mâchoire ou de cou peuvent aussi provoquer les symptômes.

Au moyen de technologies d'imagerie cérébrale, Hilke Bartels a confirmé la théorie d'une suractivité des régions du cerveau liées à l'audition.

Sa recherche a aussi montré qu'une proportion importante de personnes souffrant d'acouphènes sont déprimées et ont une vision négative de la vie. Elles n'osent pas partager ces sentiments avec d'autres, ce qui fait qu'elles reçoivent peu de support social.

L' anxiété et la dépression semblent amplifier les effets des acouphènes. Les personnes atteintes de ces troubles de l'humeur pourraient bénéficier d'une psychothérapie centrée sur la réduction de l'anxiété et de la dépression.

Par ailleurs, le UMCG a débuté en 2001 l'expérimentation de la stimulation électrique des régions du cerveau concernées. Il s'agit d'un traitement neurochirurgical dans lequel de fines électrodes implantées dans les régions de l'audition du cerveau sont reliées à un générateur d'impulsions électriques (une forme de pacemaker). Quatre des six personnes traitées ont vu des améliorations positives à long terme. Elles rapportaient que le "bruit" était réduit à des niveaux plus tolérables et attribuaient une note de 7 sur 10 au traitement.

La neurostimulation magnétique transcrânienne (beaucoup moins invasive) semble aussi une option de traitement intéressante selon l'auteure de la recherche. Les acouphènes de 5 personnes sur 24 qui ont subi ce traitement ont été temporairement supprimés.