Le répulsif (insectifuge) le plus utilisé à travers le monde dans les produits contre les piqûres d'insectes, le "DEET", présente, in vitro, une toxicité pour le système nerveux des mammifères, selon une étude publiée dans la revue BioMed Central Biology.

Une équipe internationale menée par les Français Vincent Corbel (Institut de recherche pour le développement, Montpellier) et Bruno Lapied (Université d'Angers) montre que le diéthyltoluamide (DEET) (1) inhibe une enzyme clé dans l'échange d'information entre les cellules nerveuses, l'acétylcholinestérase.
Le DEET agit en modifiant les perceptions olfactives du moustique afin de l'empêcher de piquer.

"En effectuant des tests, nous avons constaté que des moustiques mouraient, ce que l'on observe avec un insecticide mais normalement pas avec un répulsif, explique Bruno Lapied. Sachant que la structure chimique du DEET est proche de celles de certains pesticides organophosphorés ou carbamates, nous avons cherché à montrer si, comme eux, il inhibait l'activité de l'acétylcholinestérase."

Lors de tests in vitro, le répulsif ralentissait l'activité de l'enzyme tant chez l'insecte que sur des cellules nerveuses de souris. "Le mode d'action du DEET est très comparable à celui des pesticides organophosphorés ou des carbamates, même si nous ignorons encore s'il s'attaque au même site sur l'acétylcholinestérase", indique Bruno Lapied. L'effet du DEET, qui ne durerait que quelques secondes à quelques minutes, est toutefois beaucoup plus bref que celui des insecticides, précise M. Vincent Corbel.

Cette étude ne démontre pas que le DEET présente une toxicité nerveuse chez l'humain, mais elle soulève cette hypothèse. Davantage de recherches doivent être menées.

"Nous ne disons pas que l'usage normal du DEET va tuer les gens, mais qu'à certaines concentrations et en combinaisons avec d'autres substances, il peut être dangereux, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants", indique M. Corbel.

Ces résultats attirent l'attention sur la classification en vigueur dans l'Union européenne. Classé dans la catégorie des répulsifs et non dans celle des insecticides, le DEET relève de la réglementation des cosmétiques et non de celle, plus stricte, des pesticides. Le statut du DEET devrait changer, considèrent les chercheurs.

(1) Ou N, N-Diméthyl-3-méthylbenzamide.

Psychomédia avec sources: Le Monde, Le Nouvel Observateur, Radio-Canada
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