Une nouvelle procédure d'urgence de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC, ou attaque cérébrale) a été mise au point à l'hôpital Bichat.

L'étude Recanalise, publiée par la revue The Lancet Neurology, a été menée par le Pr Pierre Amarenco avec quelques dizaines de malades. L'équipe de chercheurs a mis au point une procédure, combinant des injections intraveineuse et intra-artérielle d'un médicament, qui permet de déboucher l'artère bouchée par un caillot dans 93% des cas si la prise en charge intervient dans les trois heures et 30 minutes suivant les premiers symptômes.
Depuis quinze ans, le traitement de référence reconnu par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) est un traitement intraveineux basé sur un médicament enzymatique, l’Actilyse (altéplase ou activateur de plasminogène tissulaire) qui dissout le caillot.

Ce traitement guérit dans 40 % des cas mais seulement si l'injection est faite moins de trois heures après les premiers symptômes. Et l'altéplase ne débouche l'artère bouchée du cerveau que dans 25 à 60 % des cas (et 30 % des malades rebouchent secondairement leur artère).

Une autre approche consiste à délivrer directement le médicament au contact du caillot : l'extrémité d'un microcathéter est montée par l'artère fémorale, l'artère iliaque, l'aorte, et la carotide. Pratiquée dans les six heures, cette technique permet de déboucher l'artère dans 60 à 70 % des cas. Enfin, de microscopiques lassos, paniers ou tire-bouchons embarqués au bout de cathéters sont utilisés de façon expérimentale afin d'enlever mécaniquement le caillot.

L'étude Recanalise combine les deux traitements : dès que le diagnostic d'AVC est fait par imagerie à l'hôpital, l'altéplase est injecté en perfusion dans une veine. Le patient est rapidement emmené en salle de cathétérisme où une sonde est montée dans son artère afin d'injecter le même médicament au contact du caillot.

Dans un premier temps, l'équipe de Bichat a soigné par traitement intraveineux seul 107 des 173 AVC consécutifs entre février 2002 et avril 2007: 52 % des artères ont été «recanalisées» (débouchées). Puis entre mai 2007 et octobre 2008, la technique intra-artérielle a été rajoutée pour 53 des 122 malades inclus dans ce groupe : les artères ont été recanalisée dans 87 % des cas.

Si l'intervention a lieu moins de 3 h 30 après le début des symptômes d'AVC, 93 % des patients sont guéris immédiatement et le restent après trois mois de suivi. Dans l'ensemble, 60 % des malades traités par la nouvelle méthode ont vu leurs symptômes s'améliorer ou disparaître, comparativement à 39 % des patients traités par voie intraveineuse seulement.

Cette course contre la montre est toutefois coûteuse en ressources humaines et en fonctionnement des urgences neuro­vasculaires, mobilisées en parallèle avec les spécialistes de neuroradiologie.

L'AVC (accident cardio-vasculaire) est la troisième cause de mortalité en France et la première cause de handicap. Il touche chaque année 150.000 Français dont 20% en meurent. Sur ces 150.000 malades, 30.000 ont moins de 55 ans.

Les symptômes suivants, notamment, doivent alerter sur un possible accident vasculaire cérébral: une paralysie ou insensibilité soudaine d'un bras ou d'une jambe, une perte du champs visuel, gauche ou droite, des troubles soudains de l'équilibre, une perte de la parole ou un brutal et inhabituel mal de tête. Dans ces cas, il faut immédiatement appeler le 112, le 15 ou le 18 (en France) ou se rendre à l'hôpital.

Psychomédia avec sources : Le Figaro, Europe 1.
Tous droits réservés