La France a récemment modifié radicalement ses recommandations quant au traitement de la grippe A H1N1 avec les médicaments antiviraux.

Dans un courrier adressé, le 9 décembre, à l'ensemble des médecins libéraux, la Direction générale de la santé (DGS) préconise maintenant un traitement "systématique" des personnes atteintes avec des médicaments antiviraux alors que ces derniers devaient, jusqu'alors, être prescrits uniquement pour les formes graves de grippe.

Parallèlement, le Tamiflu (oseltamivir) du laboratoire Roche et le Relenza (zanamivir) de GlaxoSmithKline (GSK) sont maintenant distribués gratuitement dans les pharmacies avec une ordonnance médicale.

Cette nouvelle position est loin de faire l'unanimité.

Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) affirme dans un communiqué que "les données disponibles pour la grippe saisonnière ne sont pas en faveur de l'utilisation systématique de médicaments antiviraux en cas de suspicion de grippe A(H1N1)". Et, "l'impact d'une diffusion massive de ces médicaments sur la souche virale pandémique est inconnu". Il rappelle que le risque de complication est très faible pour les personnes en bonne santé.

Le Formindep, un collectif de médecins généralistes dédié à "l'information médicale indépendante", a adressé, mardi 15 décembre, une lettre ouverte à Didier Houssin, directeur général de la santé. "L'oseltamivir (Tamiflu) n'a jamais démontré aucun effet sur la diminution de la mortalité ni le taux d'hospitalisation des personnes atteintes d'un syndrome grippal à l'exception d'une méta-analyse entièrement contrôlée par le laboratoire Roche commercialisant le Tamiflu, dont les données brutes sont inaccessibles", affirme le docteur Philippe Foucras, président du collectif.

"Ces résultats qui font polémique sont largement remis remis en cause par le British Medical Journal du 12 décembre et les membres de la Collaboration Cochrane", précise-t-il.

Selon le professeur Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie, "le médicament peut engendrer certains effets secondaires comme des troubles du comportement. Ensuite, délivrer ce traitement peut induire des résistances au médicament. C'est vraiment dommage de prendre ce risque avec le seul produit efficace dont nous disposons pour les cas graves".

Lors d'un point presse au ministère de l'intérieur à Paris, Didier Houssin, directeur général de la santé, s'est défendu: "Concernant les risques de résistance, l'analyse des données dont nous disposons n'a révélé aucun phénomène de ce type". Quant à la systématisation de la prise d'antiviral, "certains pays, qui ont ainsi procédé, ont observé un plus faible taux de mortalité".

Psychomédia avec sources: Le Monde, Le Point
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