Pour une personne ayant consulté pour la grippe en France, 4 ont été infectées, selon une étude menée à Marseille. L'étude, dirigée par le Pr Xavier de Lamballerie en collaboration avec l'Institut de veille sanitaire (InVS), a été menée avec 500 femmes enceintes non vaccinées (20-39 ans).

À la première semaine de décembre, 10 % d'entre elles présentaient des anticorps consécutifs à une infection récente par le virus A H1N1. Pour la même semaine, le réseau de surveillance Sentinelle indique que 2 % de la population générale dans cette tranche d'âge a consulté un médecin pour grippe clinique.

"Cela nous permet de dire qu'il y aurait beaucoup plus de personnes contaminées que ce que mesure le réseau Sentinelle, soit parce que ces personnes n'ont pas eu ou peu de symptômes, soit parce qu'elles ont été grippées, sans consulter leur médecin", commente le Pr Antoine Flahault, coauteur de l'étude.

Puisque près de 5 millions de Français ont déjà consulté pour la grippe depuis septembre, l'extrapolation de ces résultats indiquerait que près de 20 millions auraient déjà été infectées par le H1N1. Une extrapolation très hasardeuse qui ne donne qu'un estimé très imprécis car, entre autres, la tranche d'âge 20-39 ans est plus touchée par la grippe que les personnes plus âgées, précisent les chercheurs. Pour la grippe saisonnière, il a été estimé qu'une personne sur deux serait asymptomatique.

Cette étude de séroprévalence,publiée dans la revue PLoS Current Influenza, amène à revoir à la baisse le risque de décès lié au H1N1 et indique qu'une part importante de la population est désormais immunisée.

L'Institut de veille sanitaire, dans son «Bulletin épidémiologique hebdomadaire» publié le 24 décembre estime, à partir d'extrapolations différentes, que le nombre de personnes déjà immunisées contre le virus A H1N1, soit par l'infection ou la vaccination, se situerait entre 11,2 et 18,1 millions de personnes. C'est d'ailleurs cette proportion de personnes immunisées qui expliquerait le début de la décrue de l'épidémie en France.

D'autres études menées aux États-Unis et en Grande-Bretagne dont les résultats vont apparemment dans le même sens devraient bientôt être publiées.

Par ailleurs, l'InVS vient également de publier une étude basée sur l'observation des formes graves de grippe H1N1 qui conclut qu'un traitement précoce au Tamiflu (oseltamivir) réduit les risques de complications et de décès. Une publication qui constitue une réponse à la polémique suscitée par la recommandation récente de prescrire le Tamiflu de façon systématique pour tous les cas de grippe. Il s'agit toutefois d'une étude d'observation qui comporte des limites importantes reconnaissent les auteurs. Il est donc incertain qu'elle puisse convaincre les opposants aux nouvelles recommandations.

Psychomédia avec sources:
Le Figaro
Doctissimo