Un groupe de plus de 300 sceptiques britanniques, canadiens et australiens a organisé, samedi 30 janvier à 10 heures et 23 minutes précises, une “overdose collective” d'un produit homéopathique devant les pharmacies du réseau Boots à qui ils reprochent de vendre des médicaments homéopathiques bien que leur efficacité ne soit pas prouvée.

Martin Robins, porte-parole de la campagne "10:23" (1) menée par la Merseyside Skeptics Society de Liverpool, explique dans une tribune du New Scientist que l'objectif de la campagne est d’alerter l’opinion publique sur ce qu’est exactement l’homéopathie et de faire pression sur Boots pour qu’il retire les produits homéopathiques de la vente.
Les sceptiques avaleront 84 pilules d’arsenicum album, un remède homéopathique élaboré à partir d’arsenic, utilisé notamment pour traiter les intoxications alimentaires et l’insomnie. La fiche technique du Diaralia, des laboratoires Boiron, indique que le produit contient de l’"arsenicum album, 9 CH", c'est-à-dire que la quantité d’arsenic utilisée a subi 9 dilutions successives. Il ne reste qu'un trillonième de la quantité de départ. Il s'agit donc d'une overdose de pas grand chose.

Différentes études utilisant une méthodologie rigoureuse (expérience contrôlée, randomisée en double-aveugle), notamment une étude publiée en 2005 par The Lancet montrent que les bénéfices de l'homéopathie ne sont pas supérieurs à ceux d'un placebo.

En novembre dernier, le pharmacien superintendant à Boots a comparu devant le Commons Science and Technology Committee du parlement britannique qui vérifiat les preuves pour l'homéopathie. À la question "Agissent-ils au-delà de l'effet placebo?", il a répondu: "Je n'ai pas de preuve devant moi qui suggère qu'ils sont efficaces". Il défendait la décision de Boots de vendre des remèdes homéopathique sur la base du choix des consommateurs. "Un grand nombre de consommateurs croient qu'ils sont efficaces, mais ils sont des produits médicinaux sous licence et, donc, nous pensons qu'il est correct de les rendre disponibles."

En France, certains traitements homéopathiques sont toujours remboursés par la sécurité sociale.

"Au 21e siècle avec des décennies de progrès derrière nous, il est surréaliste que des gouvernements soient prêts à dépenser des millions provenant des taxes sur l'homéopathie", dit Martin Robins.

(1) L’heure du happening fait référence au nombre d’Avogadro qui est égal à 6,02 x 10 puissance 23. Il s’agit du nombre de molécules ou d’atomes dans une mole. Cette référence est un clin d’œil à l’une des trois grands principes de l’homéopathie: la dilution.

Psychomédia avec sources:
New Scientist, Le Monde