L’augmentation des doses de radiation en imagerie médicale par scanner constitue un souci majeur pour l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), indique-t-elle dans son rapport 2010 sur la sûreté nucléaire et la radioprotection présenté au Parlement le 30 mars.

Le nombre d'«événements significatifs en radioprotection» a été de 419 en 2010 dans le domaine médical, comparativement à 318 en 2009 et moitié moins en 2008; 66% de ces événements ont été déclarés en radiothérapie et 63% concernent une exposition du patient de radiothérapie, a indiqué lors de la présentation du rapport André-Claude Lacoste, président de l’ASN.

Un scanner du corps entier peut délivrer en une seule fois une dose de radiations de 20 millisieverts (mSv), ce qui correspond au maximum autorisé en toute une année pour un salarié travaillant dans le secteur nucléaire, a souligné M. Niel, directeur général de l'ASN. En moyenne, l’exposition d’une personne en France est estimée par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à 3,7 millisiverts (mSv) par an, dont 1,3 mSv en provenance des traitements médicaux. Cette part n’était que de 0,8 mSv en 2002. Les autres sources d’exposition sont «naturelles» pour 1 mSv et dues au radon pour 1,4 mSv.

L’augmentation de l’irradiation médicale a été de 50% dans les cinq dernières années, notamment en raison du nombre de scanners. La France est, a indiqué à 20 minutes.fr, Laurent Verzeaux, vice-président de la société française de radiologie, en retard sur l'acquisition d'appareils d'imagerie par résonance magnétique (IRM) qui coûte environ 1 million d'euros par appareil. Cette technologie qui utilise l’énergie électromagnétique n’expose pas aux rayons X, et pourrait être utilisée dans de nombreux cas à la place du scanner. La profession a estimé qu’il faudrait environ 350 IRM supplémentaires dans les 4-5 ans à venir.

La scanographie ou tomodensitométrie est à distinguer de la radiographie conventionnelle. Il s'agit une méthode assistée par ordinateur qui est plus précise qu'une simple radiographie car elle permet de voir des coupes en trois dimensions. Un tel examen émet toutefois, selon la partie du corps examinée, de 50 à 500 fois plus de radiation, soulignaient les auteurs d'une étude américaine publiée en 2010 dans le New England Journal of Medicine. Les auteurs avaient calculé que le risque de développer un cancer chez certains groupes de patients pour certains scans était aussi élevé que 1 sur 80, «un risque inacceptable, étant donné la possibilité d'arriver à un diagnostic avec des doses moindres».

L’ASN entamera des travaux avec ses homologues internationaux concernant les caractéristiques des appareils. Pour une application effective du principe de justification des examens, elle interviendra auprès des Agences régionales de santé (ARS) pour permettre le développement du parc d’installations d’imagerie par résonnance magnétique (IRM) et, en concertation avec la Haute Autorité de santé (HAS) et la Société française de radiologie (SFR), elle favorisera la mise au point d’outils d’aide à la décision pour les médecins prescripteurs.

L’ASN veille également à l’avancement de travaux de recherche qui devraient permettre la mise au point de tests de radiosensibilité individuelle. Des travaux en cours s’appuient sur la détection de gènes dont l’activité est anormale sous irradiation. Ils confirment l’existence d'un phénomène de radiosensibilité individuelle et son importance en radiothérapie.

Psychomédia avec sources:
ASN, 20 minutes.fr
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