Un collectif de médecins de l'île de la Réunion, Med'Océan, a mis en doute, dans une lettre adressée au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, les bénéfices du très coûteux vaccin Gardasil (135 euros par dose, 2 ou 3 doses par personne) contre certains papillomavirus humains pouvant causer le cancer du col de l'utérus.

Les campagnes de vaccination contre le cancer du col de l'utérus, considère le collectif, sont essentiellement basées sur une peur injustifiée. Il n'y a ni épidémie, ni recrudescence du nombre de cas, juge-t-il. Au contraire, depuis 1980, le nombre de nouveaux cas baisse régulièrement. Cette baisse est liée au dépistage régulier par un frottis cervico-utérin, indique le Dr Philippe de Chazournes, président de Med'Océan.

Ce dernier a également demandé dans une lettre ouverte, le 10 juin, que la Haute Autorité de santé (HAS) retire les recommandations sur le dépistage du cancer du col de l'utérus, sans attendre un éventuel recours devant le Conseil d’Etat en évoquant des conflits d'intérêts «majeurs» de certains membres du groupe qui les ont rédigées. Rappelons que la HAS a déjà dû retirer plus tôt cette année ses recommandations pour le traitement du diabète et de la maladie d'Alzheimer en raison de recours devant le Conseil d’Etat (exercés par le Formindep).

Le collectif conteste que l'efficacité du vaccin, commercialisé en France par Sanofi Pasteur depuis 2006, soit démontrée. Il craint également une augmentation du risque de développer des lésions précancéreuses sévères chez les femmes déjà porteuses des virus cancérogènes.

En 2008, un article du prestigieux New England Journal of Medicine affirmait qu'il manquait de preuves pour juger de l'efficacité des vaccins contre le cancer du col de l'utérus. Et, plus récemment, dans son numéro de janvier 2011, la revue Prescrire concluait qu'il n'y a « pas de preuve d'efficacité tangible du vaccin après un suivi médian de 4 ans dans un nouvel essai chez 3819 femmes âgées de 24 à 45 ans. »

  • En ce qui concerne les effets secondaires, deux jeunes filles de 16 et 20 ans ont déposé, le 8 juillet, des demandes d'indemnisation à la commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CRCI) de Lyon.

En France, près d’1,5 million de jeunes femmes âgées de 13 à 26 ans ont reçu au moins une dose de ce vaccin, remboursé à hauteur de 65% par la Sécurité sociale.

  • Au Canada, l'indication du vaccin a été élargie pour les femmes de 26 à 45 ans en avril 2011. Il était jusqu'alors autorisé pour les femmes et les hommes de 9 à 26 ans. Au Québec, il n'est offert gratuitement qu'aux jeunes filles de 18 ans et moins.

Ouest-France, Le Parisien, Marianne-2, L'Express
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