25 à 30% des crèmes solaires, dont des produits bio notamment, affichent un indice de protection qui est surestimé, selon les tests en laboratoire réalisés depuis des années par l'équipe de Laurence Coiffard, professeur de pharmacie à l'Université de Nantes, rapporte Libération.

Entre 2011 et 2012, l'équipe a réalisé 30 études sur un échantillon de plus de 200 produits du commerce : laits, sprays, huiles et crèmes bios.

Par exemples, la crème Alphanova bébé affichant un indice 30 ne dépasserait pas un indice 10. Et la UV Bio Crème peaux très fragiles et enfants à indice 50 aurait plutôt un indice 18. La chercheuse dénonce notamment le manque d’efficacité des crèmes minérales et biologiques, qui, ne contenant pas de filtre chimique, ne peuvent donc excéder des indices autour de 30. Pour une aussi grande efficacité que les filtres chimiques, ces crèmes devraient contenir des nanoparticules de filtres minéraux, lesquels sont encore interdites, précise-t-elle.

L'équipe nantaise travaille avec une méthode in vitro en laboratoire dans des conditions contrôlées. Alors que l'industrie utilise des tests in vivo qui permettent d’obtenir des résultats plus favorables. Ils sont réalisés en irradiant d'UV les dos de volontaires pour mesurer en combien de temps le coup de soleil (érythème) apparaît.

L'équipe nantaise a montré, dans une étude publiée dans la revue Archive of Dermatological Review, un biais méthodologique des tests de l'industrie: les crèmes contiennent des molécules qui ont une activité anti-inflammatoire, retardant ainsi l'apparition de l'érythème et augmentant artificiellement l'indice.

Il y a des produits qui devraient être clairement retirés du marché, estime la chercheuse qui se "bat depuis des années" pour dénoncer les problèmes d’efficacité des crèmes solaires. Elle a communiqué "à plusieurs reprises à l’ANSM des mesures de produits non conformes, notamment en 2009. Mais les produits ont continué leur vie commerciale", a-t-elle indiqué à Libération. "J’ai le sentiment", dit-elle, "que l’Agence est extrêmement craintive vis-à-vis de l’industrie".

Mentionnons que des experts, à l'occasion de cette polémique, rappelle l'importance, pour être protégé, de renouveler régulièrement l'application de la crème solaire. Le facteur de protection solaire (FPS) représente le nombre de fois par lequel est multiplié le temps d'exposition avant l'apparition d'une rougeur. Si une peau a tendance à rougir après 20 minutes d'exposition sans protection, l'application, en quantité suffisante, d'un écran solaire avec un FPS de 15 permet de passer 15 fois plus de temps au soleil avant l'érythème, soit 300 minutes.

Psychomédia avec source: Libération, Ouest-France, Europe 1, Libération. Tous droits réservés.