Trop peu, trop tard. Les excuses, 50 ans plus tard, du laboratoire allemand qui produisait la thalidomide, mise en marché en 1957 sous le nom Contergan puis sous une quarantaine d'autres avant d'être retirée du marché en 1961, ont été très mal reçues par des associations de victimes.

La thalidomide, commercialisée dans environ 50 pays excluant la France et les États-Unis qui ne l'ont pas autorisée, était utilisée pour le traitement des nausées chez les femmes enceintes. Environ 10.000 enfants seraient nées avec des malformations congénitales, parfois une absence de certains membres, en Europe, au Japon, en Australie et au Canada.

En dévoilant une statue de bronze commémorative, le directeur général de Grünenthal, Harald Stock, a déclaré: "Au nom de Grünenthal (...) je souhaite saisir cette occasion pour exprimer nos profonds regrets concernant les conséquences du Contergan et notre sincère sympathie pour les victimes, leurs mères et leurs familles".

"Nous vous prions également de nous pardonner pour ne pas avoir trouvé, pendant 50 ans, le moyen de vous contacter d'humain à humain (...) Nous vous demandons d'interpréter notre long silence comme un signe du choc que votre sort nous a causé", a-t-il ajouté.

Freddie Astbury, né sans bras et sans jambes, consultant en chef de l'association Thalidomide Agency UK qui représente 500 victimes britanniques, a estimé que la firme devrait joindre un meilleur dédommagement financier à ces excuses. Être handicapé "coûte beaucoup d'argent", dit-il. "Nous sommes dans la cinquantaine, nous avons besoin de soins. Nous avons besoin d'adaptation dans nos maisons, nos autos, pour commencer."

Ces excuses, surviennent, souligne-t-il, alors qu'une poursuite légale en Australie pourrait résulter en dédommagements de plusieurs dizaines de millions de dollars pour les victimes. Grünenthal a jusqu'à maintenant consenti des sommes à des fondations et résolu des poursuites en justice par des ententes hors cours.

Un autre médicament pris par les femmes enceintes ayant causé des malformations congénitales est le Distilbène qui a été prescrit pendant près de 30 ans, entre 1948 et 1976, à des millions de femmes dans le monde pour prévenir les fausses couches. Encore aujourd'hui, à la troisième génération, le risque de certaines malformations est 40 à 50 fois plus élevé que dans la population.

Psychomédia avec sources: New York Times, Los Angeles Times. Tous droits réservés.