Trois stratégies parentales fréquemment utilisées et ancrées dans la culture n'aident pas au développement d'une saine alimentation chez l'enfant, selon une étude québécoise publiée dans la Revue canadienne de la pratique et de la recherche en diététique.

Des recherches américaines avaient déjà montré que les parents adoptent souvent des pratiques contreproductives. Geneviève Dulude et Marie Marquis de l'Université de Montréal ont, avec leurs collègues, étudié les relations entre l'utilisation de trois de ces pratiques par les mères québécoises et l'alimentation des enfants d'âge préscolaire.

Ces pratiques sont l'imposition de restrictions («Ne mange pas de croustilles, de bonbons, ce n'est pas bon pour la santé»), la pression à manger («Finis ton assiette») et les récompenses («Mange tes légumes et tu auras un dessert.»)

L'étude a été menée avec 122 mères d'enfants âgés de 3 à 5 ans, recrutées par des milieux de garde de l'île de Montréal, qui ont répondu à un questionnaire.

Des liens ont été observés entre ces 3 pratiques et des comportements moins favorables chez l'enfant qui consommerait notamment moins d'eau, plus de jus de fruits, de bonbons et de croustilles.

La stratégie des récompenses alimentaires était liée à une tendance à consommer moins de fruits et de légumes et à avoir un gout accru pour les friandises. "Évidemment, si l'enfant doit manger tous ses brocolis pour avoir un bonbon, il y a fort à parier que ce légume deviendra de moins en moins apprécié", dit-elle.

La chercheuse invite à abandonner ces approches et à mieux répartir les pouvoirs. "Le parent choisit le contenu du repas, l'heure et l'endroit, alors que l'enfant doit pouvoir sélectionner ce qu'il mange sans être contraint, puni ou récompensé", conseille-t-elle. "Cette manière de faire prend en considération l'appétit de l'enfant et remet le plaisir de manger au cœur des pratiques alimentaires."

Il est fréquent que les jeunes enfants refusent de gouter certains aliments et les nouveaux plats présentés, ce qui a été appelé néophobie alimentaire. La chercheuse conseille de leur permettre de découvrir à leur rythme les nouveaux aliments. Soyez patient, dit-elle, il faut parfois présenter jusqu'à 15 fois un aliment avant qu'ils acceptent d'y gouter.

Psychomédia avec source: Université de Montréal.
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