A l’Institut Curie (Paris), plus de 70 interventions de chirurgie du cancer du sein ont déjà été pratiquées sous hypno-sédation, indique un communiqué de l'institution à l'occasion de la journée mondiale du cancer.

L’hypno-sédation en chirurgie combine l’induction d’un état d’hypnose à l’administration d’une sédation antalgique (un calmant) et l’injection d’un anesthésique local sur la zone à opérer.

L’hypnosédation ne peut ainsi être pratiquée que pour des interventions sur les organes situés assez près de la peau, où une analgésie locale est suffisante.

A l’Institut Curie, des tumorectomies du sein, des prélèvements de ganglions sentinelles et des curages axillaires, ainsi que des mastectomies ont déjà été pratiquées sous hypno-sédation. L’hypnose est réalisée au bloc opératoire par un médecin ou une infirmière anesthésistes formés.

Une étude menée avec 47 personnes ayant bénéficié de cette intervention par la Dre Aurore Marcou et le Dr Alain Livartowski montre que la satisfaction des patientes envers l’hypno-sédation est excellente, avec une note de 9,2 /10. 100% d’entre elles étaient prêtes à une nouvelle intervention sous hypno-sédation.

"Pour induire l’hypnose", explique la Dre Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute, "j’aide la patiente à se centrer sur elle-même et à se détacher de tout ce qui se passe autour d’elle. Je l’invite, sur un mode actif, à entrer dans un état de conscience naturel, entre le rêve et l’éveil. Quand la patiente se trouve dans son monde imaginaire, nous parlons ensemble au présent. Nous vivons chaque moment comme si nous y étions. Tout l’art de l’hypnose consiste à accompagner de manière personnalisée la patiente dans son champ des possibles et à la laisser aller là où elle veut, faire ce qu’elle a envie de faire. Je reste donc ouverte dans mes suggestions. En fin d’intervention, j’inverse doucement l’état d’hypnose et j’aide la patiente à reprendre confortablement contact avec la réalité, tout en lui faisant des suggestions pour le post-opératoire, sur la cicatrisation, l’énergie ou l’appétit."

Cette méthode est particulièrement adaptée pour les personnes fragiles, très âgées ou présentant des problèmes de santé importants qu’une anesthésie générale pourrait déstabiliser. Elle permet aussi d’éviter les désagréments du réveil tels que les nausées et les vomissements liés à l’anesthésie générale.

Témoignage de Nadia, 46 ans, opérée d’un sein sous hypno-sédation: ""J’ai peur de l’anesthésie générale et un mauvais souvenir de la dernière qui m’avait beaucoup fatiguée. Quand on m’a proposé l’hypno-sédation pour une intervention réparatrice au sein, j’ai accepté. J’ai rencontré l’hypno-thérapeute, avec qui j’ai eu un bon contact. Au bloc, après quelques questions, elle m’a proposé de me projeter en Martinique, une île que j’aime par-dessus tout, pour m’évader. Elle m’a dit de me détacher de mon corps, elle me parlait de la mer, des paysages, de la plage de Sainte-Anne. J’y arrivais en voiture, c’était vraiment ça ! J’avais les yeux ouverts sous le drap, j’entendais le médecin et les infirmières. Je sentais que l’on travaillait sur ma peau mais pas de douleur. Deux heures après, j’étais chez moi. Je suis pourtant douillette et je craignais de ne pas réussir à entrer en hypnose. C’est une expérience à vivre !"

Témoignange de Marie-Claudine, 68 ans, opérée pour une double mastectomie:
"Quand l’hypno-thérapeute de l’Institut Curie m’a proposé de réaliser ma double mastectomie sous hypno-sédation, je m’en suis d’abord sentie incapable. Puis l’idée a fait son chemin et, par curiosité mais aussi par expérience des effets rassérénants de la méditation que je pratique, j’ai tenté l’aventure. J’étais rassurée par le fait que l’hypno-thérapeute était anesthésiste et qu’il était toujours possible de basculer vers une anesthésie générale. En me parlant, elle a su induire chez moi des images agréables de montagne, selon mes préférences. J’étais pleinement consciente, présente, détendue et j’ai eu envie de parler moi aussi, avec elle comme avec la chirurgienne. J’avais même l’impression de participer à l’événement. Dès la fin de l’opération, je me sentais prête à bouger et très peu fatiguée."

Psychomédia avec source: Institut Curie
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