Un tribunal américain a jugé que le cancer des ovaires dont est décédée une Américaine de 62 ans avait un lien direct avec l'utilisation de produits à base de talc commercialisés par le groupe Johnson & Johnson. Le groupe a été condamné à verser 72 millions $ à la famille de la défunte.

Le tribunal de Saint-Louis (Missouri) a jugé, à l'issue d'un procès de 3 semaines, que la maladie de Jacqueline Fox avait un lien direct avec l'utilisation pour son hygiène intime de produits à base de talc, en particulier la poudre Baby Powder du groupe pharmaceutique Johnson & Johnson.

Selon l'avocat de la famille, du talc, retrouvé par un médecin dans les ovaires de la plaignante, avait causé une inflammation, qui a ensuite évolué en cancer.

Jugé coupable de fraude, négligence et conspiration, rapporte Le Figaro, le géant pharmaceutique a été condamné à verser 72 millions de dollars (65 millions d'euros) de dommages et intérêts à la famille de la victime, un jugement sans précédent aux États-Unis.

Johnson & Johnson fait l'objet de 1 200 plaintes aux États-Unis, accusant la compagnie d'avoir dissimulé le potentiel cancérogène de ses produits à base de talc.

L'avocat a avancé le chiffre de 1 500 décès de femmes chaque année « des suites d'un cancer des ovaires lié à l'utilisation de talc ». Il estime que Johnson & Johnson « était au courant des risques depuis les années 1980 ».

En témoigne, rapporte le Washington Post, une note rédigée en 1997 par un consultant médical de l'entreprise, qui spécifie que nier le lien entre l'usage hygiénique du talc et le cancer des ovaires est comme nier le lien entre tabac et cancer.

Un autre document interne impute l'érosion des ventes au fait que de plus en plus de personnes connaissent les dangers des produits. L'entreprise détaille une stratégie marketing consistant à cibler spécifiquement les populations noires et hispaniques, jugées moins au courant. Un document accablant dans ce procès, eu égard au fait que Jacqueline Fox était afro-américaine.

Le millier de poursuites engagées contre la firme devrait donner lieu à d'autres procès à partir du mois d'avril.

Auparavant, la compagnie a été la cible de groupes de santé et de consommateurs concernant les ingrédients possiblement nocifs dans des produits comme l'emblématique Johnson’s No More Tears baby shampoo (Shampoing pour bébé sans larmes), rappelle le Washington Post.

En mai 2009, une coalition de groupes appelée Campaign for Safe Cosmetics a commencé à faire pression sur Johnson & Johnson pour l'élimination d'ingrédients douteux de ses produits de soins personnels pour bébés et adultes. Après trois ans de pétitions, de publicité négative et une menace de boycott, l'entreprise a accepté en 2012 d'éliminer les ingrédients 1,4-dioxane et formaldéhyde, considérés comme cancérigènes probables, de tous ses produits pour 2015.

Psychomédia avec sources : Washington Post, Le Figaro.
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