La sécurité sociale a donné son feu vert au remboursement du médicament d'immunothérapie Keytruda (pembrolizumab) comme traitement initial de certains cancers du poumon en remplacement de la chimiothérapie.

Plutôt que d'attaquer directement les cellules cancéreuses avec des substances toxiques, un traitement d'immunothérapie aide le système immunitaire à cibler spécifiquement les cellules cancéreuses pour les détruire (1).

Le ministère de la Santé et le laboratoire MSD (Merck) ont conclu un accord pour un coût de 6 000 € par patient et par mois. Une injection de Keytruda coûtera 4 300 € et les injections doivent être répétées toutes les trois semaines.

Le médicament s'adresse aux personnes atteintes d’un cancer bronchique « non à petites cellules » chez qui les tumeurs expriment fortement le biomarqueur PDL1 (1). De 6 000 à 8 000 patients sur les 45 000 touchés chaque année par le cancer du poumon en France présentent cette condition. Le cancer dit « à petites cellules », qui affecte 20 à 25 % des malades ne peut être traité au moyen de cette immunothérapie.

« Pour les patients qui ne répondent pas au traitement, on arrête assez vite. Mais chez les ”bons répondeurs”, le médicament est délivré tant qu’il est efficace. Et cela peut durer plusieurs années, ce qui n’est pas anodin en terme de coût pour les hôpitaux », explique le professeur Nicolas Girard, directeur de l’Institut du thorax Curie-Montouris à Paris, relayé par La Croix.

C’est d’abord contre le mélanome (cancer de la peau) que l’immunothérapie a fait la preuve de son efficacité, indique le professeur Gilles Freyer, directeur de l’Institut de cancérologie des hospices civils de Lyon. « Environ 20 à 25 % des patients sont de longs-répondeurs, c’est-à-dire qu’ils sont toujours en rémission au bout de quatre ou cinq ans, sans signe de reprise de la maladie », précise-t-il.

Parmi les patients dont le cancer du poumon est traité avec cette immunothérapie, « environ la moitié va “répondre” au traitement avec des résultats parfois spectaculaires. La durée médiane de survie est doublée par rapport à la chimiothérapie passant de 15 mois à 30 mois », indique le professeur Girard, en précisant que ces chiffres doivent être interprétés avec prudence.

« Ce sont des moyennes. Pour certains patients, la survie ne sera que de quelques mois. Mais pour d’autres, l’immunothérapie va changer l’histoire de la maladie, en prolongeant la vie de manière très durable », indique le professeur Freyer.

Le Keytruda « permet d’obtenir un taux de survie à un an de 70,3 % (vs 54,8 % sous chimiothérapie) et un taux de survie à deux ans de 51,5 % (vs 34,5 % sous chimiothérapie) », précise le Journal internaltional de médecine (JIM). « On observe ainsi un doublement de la médiane de survie, qui atteint 30 mois pour les patients sous pembrolizubab, vs 14,2 mois sous chimiothérapie. »

Le Keytruda est également remboursé en 2e ligne (après la chimiothérapie) pour le mélanome métastatique. L’évaluation de la Haute autorité de santé (HAS) pour deux autres indications (lymphome de Hodgkin et cancer de la vessie en 2e ligne) est en cours.

À plus long terme, le laboratoire espère obtenir plus d'une dizaine d'indications et une trentaine de cancers pourrait répondre à ce type de thérapies, a précisé Aurélien Marabelle, directeur clinique à l'institut Gustave Roussy lors d'un point de presse organisé par MSD (Merk) le 28 novembre.

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(1) Le Keytruda appartient à la classe dite des inhibiteurs du point de contrôle immunitaire PD-1 dont le mode d'action est de bloquer la protéine PD-1 se trouvant sur les lymphocytes T du système immunitaire, ce qui rend ceux-ci aptes à détruire les cellules cancéreuses.

Psychomédia avec sources : JIM, La Croix, Sciences et Avenir.
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