L’adoption récente par le gouvernement du Québec d'un nouveau règlement sur la gestion des pesticides génère des débats sur le travail des agronomes et leurs potentiels conflits d’intérêts, rapporte Le Devoir.

Québec vient en effet de leur confier « le rôle névralgique » de « prescrire » ou non aux producteurs agricoles les cinq pesticides considérés comme les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement : trois types de néonicotinoïdes, ces insecticides « tueurs d’abeilles », l’atrazine et le chlorpyrifos.

Ce, alors que la majorité des agronomes travaillant dans le domaine de la protection des plantes sont liés à l’industrie des pesticides, rapporte la journaliste Sarah R. Champagne dans Le Devoir.

Lundi passé encore, rapporte-t-elle, le président de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ), Michel Duval, affirmait ne pas voir « d’indices de problèmes majeurs » en matière de conflits d’intérêts. Il assure maintenant que « des corrections devront être faites ».

Une enquête sur la rémunération des agronomes, a-t-il annoncé, permettra d’établir des directives plus strictes pour ceux qui recommandent l’utilisation de pesticides tout en retirant des bénéfices de leur vente.

Mais l’Ordre refuse d’interdire à ses membres de « prescrire » leur utilisation, s’ils reçoivent « une commission ou toutes autres formes de boni ou d’incitatif sur la vente des pesticides », malgré une proposition en ce sens appuyée par 100 agronomes sur environ 150 lors de la dernière assemblée générale annuelle en septembre 2017.

Invité à tracer le contour des futures directives, M. Duval donne l’exemple d’une situation qui pourrait être jugée « inacceptable » : « Un concours de vente, par exemple. Si pour éliminer un inventaire de fin de saison, on donne un boni à un agronome qui fait de la vente pour écouler les stocks. »

Ce type de paiement à la performance est une pratique existante, en plus de bonis, de commissions ou d’incitatifs sous forme de voyages, rapporte la journaliste.

« On a l’impression que notre ordre ne fait pas sa job », déplore Samuel Comtois qui a publié une lettre la semaine dernière dans Le Devoir. Il propose de séparer « l’acte agronomique du diagnostic et de la recommandation » de « l’acte de vente des intrants agricoles », afin de rétablir la réputation de tous, agronomes comme vendeurs d’intrants.

Des critiques sur l’indépendance des agronomes ont été formulées autant par des groupes environnementaux que par l’Union des producteurs agricoles (UPA), est-il rapporté.

Dans Le Devoir : L’Ordre s’engage à resserrer les règles de rémunération des agronomes

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