Le diclofénac, un analgésique couramment utilisé, est associé à un risque accru d'événements cardiovasculaires majeurs, comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC), comparativement à la non-utilisation, à l'utilisation du paracétamol et à l'utilisation d'autres analgésiques traditionnels, selon une grande étude danoise publiée en septembre dans le British Medical Journal.

Le diclofénac ne devrait pas être offert en vente libre et, lorsqu'il est prescrit, il devrait être accompagné d'une mise en garde appropriée sur l'emballage concernant les risques potentiels, estiment les chercheurs.

Le diclofénac est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) largement utilisé dans le monde pour le traitement de la douleur et de l'inflammation.

Mais ses risques cardiovasculaires comparés à ceux d'autres AINS traditionnels n'ont jamais été examinés dans le cadre d'essais contrôlés randomisés de grande envergure, et les préoccupations actuelles concernant ces risques rendent la conduite de tels essais non éthique.

Une équipe de recherche, dirigée par Morten Schmidt de l'hôpital universitaire d'Aarhus, au Danemark, a examiné les risques cardiovasculaires associés à l'instauration du diclofénac, d'autres AINS et du paracétamol à partir des données du registre national de plus de 6,3 millions de personnes au Danemark.

Après prise en compte de facteurs potentiellement influents, le début de la prise de diclofénac était associé à un taux accru d'événements cardiovasculaires indésirables majeurs dans les 30 jours comparativement au début d'autres AINS traditionnels (ibuprofène ou naproxène) ou du paracétamol.

Les événements comprenaient l'arythmie, les palpitations, l'accident vasculaire cérébral ischémique, l'insuffisance cardiaque et la crise cardiaque.

Les risques accrus s'appliquaient aux hommes et aux femmes de tous âges ainsi qu'à de faibles doses de diclofénac.

L'instauration du diclofénac était également associée à un taux accru de décès cardiaque comparativement à l'absence d'AINS et à un risque accru de saignement gastro-intestinal supérieur comparativement à l'absence d'AINS, à l'instauration de l'ibuprofène ou du paracétamol, mais non au naproxen.

Les auteurs soulignent que, bien que le risque relatif soit augmenté, le risque absolu demeure faible pour chaque patient.

Le nombre absolu d'événements pour 1 000 personnes débutant le diclofénac par année était également augmenté. Par exemple, chez les patients à faible risque au départ, ceux commençant le diclofénac présentaient un événement supplémentaire par rapport à ceux débutant l'ibuprofène, un événement supplémentaire par rapport à ceux débutantes le naproxène, 3 événements supplémentaires par rapport à ceux commençant le paracétamol et 4 événements supplémentaires par rapport à ceux ne prenant aucun AINS.

Chez les patients présentant un risque de départ modéré, les chiffres correspondants étaient de 7, 7, 8 et 14 événements additionnels, respectivement, et chez ceux présentant un risque de départ élevé, les chiffres correspondants étaient de 16, 10, 1 et 39 événements additionnels.

Il s'agit d'une étude d'observation, de sorte qu'aucune conclusion ferme ne peut être tirée au sujet des causes et des effets. Cependant, la taille de l'échantillon de l'étude est plus grande que la plupart des analyses précédentes d'études d'observation et d'études randomisées prises ensemble et fournit des données solides pour guider la prise de décision clinique, soulignent les chercheurs.

« Le traitement de la douleur et de l'inflammation par des AINS peut s'avérer utile pour certains patients afin d'améliorer leur qualité de vie malgré les effets secondaires potentiels », écrivent-ils. « Toutefois, compte tenu des risques cardiovasculaires et gastro-intestinaux, il n'y a guère de raison d'amorcer un traitement au diclofénac avant les autres AINS traditionnels », concluent-ils.

Le diclofénac (Voltarène et génériques), avec l'acéclofénac (Cartrex et génériques) et d'autres AINS, fait notamment partie de la liste des 90 médicaments plus dangereux qu'utiles de la revue Prescrire.

Pour plus d'informations sur les AINS, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : BMJ (press release), BMJ (article).
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