« Depuis quelques années, des liens entre déséquilibres de la flore intestinale et diverses maladies ont été mis en évidence. »

Des chercheurs français et américains, dont les travaux sont publiés en septembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), viennent d'établir une relation entre un système de détection des virus, la composition du microbiote intestinal et le développement d'allergies cutanées.

Cette découverte pourrait « ouvrir de nouvelles pistes de traitement », souligne le communiqué des chercheurs.

Dix à cent fois plus nombreux que les cellules qui composent notre corps, les micro-organismes présents dans notre tube digestif constituent un écosystème en équilibre, lequel peut être modifié par l'alimentation ou les traitements médicaux.

« Plusieurs types de données épidémiologiques suggèrent un lien entre des changements de composition de ce microbiote intestinal (ou flore intestinale) et le développement de maladies allergiques, y compris de type eczéma, à distance de l'intestin.  »

Les biologistes Marie-Cecile Michallet et Emilie Plantamura, avec leurs collègues du CNRS, de l'Inserm, de l'Université Claude Bernard Lyon 1, de l'ENS de Lyon, de l'Institut Pasteur de Lille et du NIH (États-Unis), se sont intéressés à des souris dépourvues du gène MAVS, un acteur central de la détection des virus par le système immunitaire.

Chez ces souris, un microbiote intestinal altéré et une réaction allergique cutanée exacerbée ont été constatés. « Afin de démontrer le lien entre ces deux observations, les chercheurs ont transféré le microbiote altéré à des souris normales. Ces dernières ont alors développé une réaction allergique exacerbée, démontrant que le transfert de flore en était responsable. »

L'étude a montré « que cette modification du microbiote intestinal entraînait une augmentation de la perméabilité de l'intestin, permettant ainsi la migration de certaines bactéries intestinales vers la rate et les ganglions et l'augmentation de la sévérité de la réaction allergique cutanée ».

Ces résultats mettent en lumière le rôle protecteur inattendu d'une protéine antivirale (MAVS) sur la stabilité de la flore intestinale.

« En démontrant l'impact de l'altération du microbiote intestinal sur l'exacerbation de la réponse allergique cutanée, ces travaux ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques : pourra-t-on prochainement traiter l'eczéma, ou améliorer les traitements actuels, en agissant sur le microbiote ? Cette piste est déjà explorée dans d'autres pathologies comme le cancer. »

Psychomédia avec sources : Inserm, PNAS.
Tous droits réservés.