Dans les suites de l'incendie de Notre-Dame de Paris survenu le 15 avril, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France invite les familles avec de jeunes enfants (moins de 7 ans) et les femmes enceintes vivant sur l’Île de la Cité à faire doser leur taux sanguin de plomb (plombémie).

Dans un communiqué publié le 4 juin, l'agence indique avoir identifié le cas d’un enfant pour lequel la plombémie est supérieure au seuil de déclaration réglementaire (50 microgrammes par litre).

Le communiqué explique :

« L’incendie de Notre-Dame est à l’origine d’une pollution au plomb aux abords de la cathédrale. Les prélèvements effectués par le Laboratoire central de la préfecture de police (LCPP) à partir du 17 avril ont montré qu’il n’y avait pas de risque associé à la qualité de l’air mais que des valeurs hétérogènes, pour certaines élevées, étaient constatées dans les sols à proximité et dans certains locaux administratifs.

Face à ce constat, les sols en question ont été interdits d’accès au public. Leur dépollution va commencer dans les prochains jours.

Pour les logements des riverains et afin d’éviter l’éventuelle ingestion de poussières de plomb, en particulier par les enfants, l’Agence a diffusé des conseils de prévention visant à opérer un nettoyage humide efficace des appartements. En cas de doute, les parents étaient invités à consulter leur médecin traitant.

Lors de la réunion publique du 13 mai 2019 organisée à la mairie du 4e arrondissement, l’ARS a également annoncé qu’elle allait procéder à des prélèvements dans les appartements de familles vivant à proximité de la cathédrale, afin de s’assurer de l’efficacité des opérations de nettoyage effectuées.

Les premiers prélèvements dans les logements montrent que les poussières ne présentent, d’une façon générale, pas de teneurs élevées en plomb même si ponctuellement des poussières contaminées au plomb ont été retrouvées dans certains logements. L’analyse de prélèvements complémentaires est en cours. »

L’ARS conseille les gestes suivants :

  • nettoyer souvent le sol des pièces et des balcons ou terrasses, les rebords de fenêtres avec une serpillière humide, ne pas utiliser de balai ou d’aspirateur, sauf s’ils sont équipés de filtre THE (Très Haute Efficacité) ou HEPA (High Efficiency Particulate Air) ;

  • limiter l’introduction de poussières dans les logements en retirant à l’entrée les chaussures utilisées à l’extérieur ;

  • se laver régulièrement les mains (particulièrement avant les repas ou après un contact avec le sol), garder les ongles courts et ne pas se les ronger ;

  • laver fréquemment les jouets des enfants et autres objets qu’ils sont susceptibles de porter à la bouche.

Une consultation de dépistage est mise en place sur rendez-vous au Centre de diagnostic et de thérapeutique de l’Hôtel Dieu à partir du 4 juin.

Le 26 avril, l'Association des familles victimes du saturnisme (AFVS) alertait « sur les risques d’intoxication par le plomb ». Elle soulignait que l’incendie « a provoqué le rejet d’une quantité très importante de particules, liées à la combustion de la charpente en bois et du plomb présent sur la toiture et dans la flèche de la cathédrale qui contenait, à elle seule, 250 tonnes de plomb, soit un total de plomb estimé à 700 tonnes ».

Dans un communiqué le 19 avril, l'association Robin des bois estimait que « pendant plusieurs mois sinon années », « les habitants et usagers du périmètre sinistré pourront être soumis à l’inhalation de poussières de plomb. »

Dans une tribune publiée dans Libération le 3 mai, Judith Rainhorn, historienne, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dénonçait le « silence de plomb » des autorités face au risque posé par l'incendie.

Elle reprochait « une réaction bien tardive, des indications bien vagues et une prévention bien négligente pour un risque toxique dont le périmètre géographique n’est pas non plus défini ». Elle soulignait notamment que « pas plus que le nuage radioactif de Tchernobyl ne s’est arrêté aux frontières vosgiennes, les retombées chargées de plomb n’ont été limitées à l’ile de la Cité ». Alors que le square Jean-XXIII a été fermé « par raison de sécurité », dans le square René-Viviani, à moins de 100 mètres à vol d’oiseau, les bambins jouent les mains dans le sable, mentionnait-elle.

Pour plus d'informations sur le plomb et la santé et sur la gestion de la situation relativement à l'incendie de Notre-Dame et le plomb, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : ARS Ile-de-France, AFVS, Robin des bois.
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