Bisphénols, phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés... Pour la première fois, Santé publique France (SPF) a mesuré la présence de ces « polluants du quotidien » dans l’organisme des enfants et des adultes.

Les résultats ont été rendus publics le 3 septembre.

Ces polluants, qui « sont pour certains des perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes, avérés ou suspectés », sont présents dans l’organisme de tous les adultes et en concentration plus élevée chez tous les enfants.

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, un programme de biosurveillance a été mis en place pour mesurer la présence de polluants dans le corps. La présente étude constitue un premier volet qui sera suivi de deux autres sur les métaux et les pesticides.

L'étude a été réalisée avec un échantillon représentatif de la population générale composé de 1104 enfants et 2503 adultes. Elle comprend des prélèvements biologiques (urines, sérum et cheveux) et l’administration d’un questionnaire portant sur les habitudes de vie, l'alimentation et les caractéristiques des participants.

Les principaux résultats montrent que :

  • « Les niveaux d’imprégnation mesurés sont comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et au Canada à l’exception des retardateurs de flamme bromés, des bisphénols S et F et des parabènes.

  • Des niveaux d’imprégnation plus élevés sont retrouvés chez les enfants. Plusieurs hypothèses issues de la littérature pourraient expliquer ces niveaux : des contacts cutanés et de type “main bouche” plus fréquents pour des produits du quotidien (jouets, peintures…) ; des expositions plus importantes liées par exemple à une exposition accrue aux poussières domestiques ou à un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires, comparativement aux adultes. »

Pour ce qui est des modes d'exposition, les résultats montrent notamment que :

  • « L’alimentation n’apparaît pas comme une source d’exposition exclusive à ces substances.

  • L’utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol.

  • La fréquence de l’aération du logement a une influence sur les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés : plus le logement est aéré, plus les niveaux d’imprégnation sont bas. »

L'étude doit servir de référence à la nouvelle stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (PE) pour la période 2019-2022, également présentée le 3 septembre par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, par son homologue à la Transition écologique, Elisabeth Borne, et par le secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, Adrien Taquet.

Cette stratégie « ne comporte pas de mesures radicales », rapporte Le Monde qui résume :

« L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) devra établir une liste de perturbateurs endocriniens, en expertisant au moins six substances en 2020, puis neuf par an à partir de 2021. Un site Internet devrait être lancé avant la fin de l’année pour permettre au grand public de s’informer sur la présence éventuelle de PE dans les objets de la vie courante. »

Un autre site (Agir pour bébé) a été mis en ligne, le 3 septembre, « pour donner des conseils pratiques aux jeunes parents, afin de limiter l’exposition aux produits chimiques, dont les perturbateurs endocriniens, pendant la grossesse et après la naissance. »

Pour l’association Générations futures, notamment, les ambitions de la nouvelle stratégie doivent être revues à la hausse.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Santé publique France, Le Monde, Générations futures.
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