Depuis la découverte de la pénicilline vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux autres antibiotiques ont permis de traiter une grande variété d’infections bactériennes. Mais les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les virus.

Les médicaments efficaces contre les virus sont beaucoup plus rares. Christine Carson de l'École de sciences biomédicales de l'University of Western Australia et Rachel Roper, professeure de microbiologie et d'immunologie à l'East Carolina University expliquent pourquoi sur le site The Conversation.

Les bactéries sont des formes de vie autonomes

Les bactéries sont des formes de vie autonomes, des cellules qui peuvent vivre de manière indépendante, sans avoir besoin d’un organisme hôte. Si elles sont, par certains côtés, similaires à nos cellules, elles en diffèrent également par de nombreuses caractéristiques. Ce sont ces différences qui rendent possible l’utilisation des antibiotiques.

Les bactéries possèdent par exemple une paroi cellulaire rigide constituée de peptidoglycane dont les cellules humaines sont dépourvues. La pénicilline et d'autres antibiotiques empêchent les bactéries de fabriquer du peptidoglycane et inhibent ainsi leur multiplication sans nuire aux cellules humaines.

Les virus piratent nos cellules pour se répliquer

Contrairement aux bactéries, les virus ne peuvent pas se répliquer de manière indépendante : ils ont besoin d’une cellule hôte.

Ils pénètrent dans une cellule et en détournent la machinerie. Une fois à l’intérieur, certains virus restent dormants, d’autres se répliquent lentement et s’échappent progressivement des cellules, sur une longue période, d’autres enfin font rapidement tellement de copies d’eux-mêmes que la cellule hôte éclate et meurt. Les particules virales nouvellement répliquées se dispersent alors, et infectent de nouvelles cellules hôtes.

Si un traitement antiviral cible un processus de réplication du virus qui est également important pour la cellule hôte, il est probable qu’il soit toxique pour les cellules humaines.

Les antiviraux efficaces ciblent et perturbent un processus ou une structure propre au virus, empêchant ainsi la réplication virale tout en minimisant les dommages pour le patient. Mais plus le virus est dépendant de la cellule hôte, moins ces cibles spécifiques sont nombreuses. Et malheureusement, la plupart des virus ne présentent que très peu de cibles pouvant être ciblées différentiellement.

Grandes variations d'un virus à l'autre

Une autre difficulté est que les divers virus varient beaucoup plus les uns par rapport aux autres que les diverses espèces de bactéries entre elles. Il est donc pratiquement impossible de créer un médicament antiviral à large spectre qui serait efficace contre différents types de virus.

Quelques médicaments antiviraux

Il existe cependant des différences dont l’exploitation a permis de développement de quelques médicaments. Par exemple, contre le virus de la grippe A.

Une fois entré dans nos cellules, le virus doit se « déshabiller », c’est-à-dire enlever sa couche extérieure pour libérer son ARN, qui sera ensuite transporté vers le noyau de la cellule, où commencera sa multiplication.

Une protéine virale, la M2 (« matrix-2 protein »), est un élément clé de ce processus : elle facilite la cascade d’événements qui aboutit à la libération de l’ARN viral.

En bloquant la protéine M2, les médicaments antiviraux amantadine et la rimantadine empêchent l’ARN viral de quitter la particule virale pour atteindre le noyau de la cellule.

Le zanamivir (Relenza) et l’oseltamivir (Tamiflu), des antiviraux plus récents contre les virus de la grippe A ou de la grippe B, agissent en bloquant une enzyme virale clé, empêchant la libération du virus par la cellule et ralentissant la propagation de l’infection dans le corps.

Identifier ce qui fait la spécificité du SARS-CoV-2

Si les chercheurs parviennent à identifier des éléments spécifiques à la survie et la réplication du SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19, ils pourront les exploiter pour mettre au point un traitement antiviral qui aura toutes les chances d’être efficace.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : The Conversation.
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