La vaisselle jetable sans plastique n'est pas sans danger pour la santé et l'environnement, selon les résultats d’un test publiés le 19 mai par l'association française de défense des consommateurs l’UFC-Que Choisir.

L’interdiction de la vaisselle jetable en plastique a conduit les consommateurs et les restaurateurs à se reporter sur les alternatives « végétales ».

Depuis la loi « Transition énergétique pour la croissance verte » de 2015, la France s’est engagée dans un processus d’interdiction progressive d’un certain nombre de déchets plastiques non recyclables, parmi lesquels la vaisselle jetable.

Sont ainsi interdits à la vente les assiettes, verres, gobelets (depuis janvier 2020), ainsi que les pailles et couverts (depuisjanvier 2021), lorsqu’ils sont jetables et en plastique.

Pour vérifier si les produits qui s’y sont substitués (principalement à base de pulpe végétale ou de feuilles de palmier pour la vaisselle, et en papier ou en carton pour les pailles) sont sans danger pour l’environnement et la santé, l’UFC-Que Choisir, associée à trois autres associations de consommateurs européennes, a testé 57 produits (39 articles de vaisselle et 18 modèles de pailles), à la recherche de 6 familles de contaminants. Seize de ces produits ont été achetés en France, les autres en Italie, Espagne et Danemark.

Les résultats « sont inquiétants » : « 66 % des échantillons testés contiennent des composés perfluorés (utilisés pour que la vaisselle résiste à l’eau et aux graisses sans se déliter, mais dont certains sont cancérogènes, immunotoxiques, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens) au-delà des recommandations (1), parfois largement (certaines assiettes de la marque Betik ont une teneur en composés perfluorés 140 fois supérieure à la norme définie au Danemark) ».

« On peut en outre pointer le risque “d’effet cocktail” pour certains produits qui présentent un cumul de substances (notamment composés perfluorés, chloropropanols, amines aromatiques), particulièrement pour les pailles en papier carton. Ainsi, les pailles rayées fuschia de la marque Santex associent ces trois substances. »

« On ne peut dès lors que déplorer que la réglementation européenne soit aussi lacunaire : à part pour certains matériaux traditionnels (verre, certains plastiques), la réglementation ne définit pas de liste fermée de substances et additifs autorisés. »

« Il en est de même concernant l’argument phare de ces produits, largement mis en avant par leurs fabricants : leur prétendue vertu environnementale. Profitant d’un encadrement européen trop laxiste des allégations vertes, les emballages mettent largement en avant leur caractère “compostable” ou “biodégradable”. Pourtant, avec une telle présence de composés perfluorés, leur compostage (domestique ou industriel) aboutira à relâcher dans les sols ces substances particulièrement persistantes. Quant au recyclage, s’il est possible pour les produits en papier ou en carton, il n’en est pas de même pour la vaisselle en feuilles de palmier, bambou ou canne à sucre, dès lors que les produits sont traités avec un liant hydrophobe (pour assurer qu’ils ne se détrempent pas au contact des aliments). »

L’UFC-Que Choisir demande donc aux autorités européennes :

  • « de définir, dans le cadre de la révision d’ici à la fin 2022 de la législation sur les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires, une liste précise des matériaux et additifs pouvant être utilisés sans danger comme substituts aux plastiques pour la vaisselle jetable ; »

  • « de renforcer le contrôle des allégations environnementales, notamment relatives au compostage. »

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) En l’absence de réglementation européenne, la teneur maximale retenue est celle définie au Danemark pour les matériaux en papier et carton destinés au contact alimentaire.

Psychomédia avec source : UFC-Que Choisir.
Tous droits réservés.