Les Français sont imprégnés de métaux lourds (cadmium, chrome, nickel, mercure, cuivre…) à des niveaux parfois supérieurs aux seuils déterminés par les autorités de santé et supérieurs à ceux observés dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord (sauf pour le nickel et le cuivre), selon une étude publiée le 1er juillet 2021 par Santé publique France (SPF).

Une source importante de contamination est l’alimentation.

L'étude, qui porte sur 27 métaux, tels qu'arsenic, cadmium, chrome, cuivre, nickel, mercure…, a été menée sur un échantillon représentatif de la population générale composée de 1 104 enfants et 2 503 adultes âgés de 6 à 74 ans.

L'étude est basée sur des prélèvements biologiques (urines, sang et cheveux) et un questionnaire sur les habitudes de vie, les consommations alimentaires et des caractéristiques des participants.

« Les métaux peuvent être à l’origine de l’apparition maladies chroniques, de déficience immunitaire ou encore de cancers », rappelle le communiqué de SPF.

Les métaux détectés

Le communiqué de SPF résume ainsi les principaux résultats :

  • « l’exposition de la population à ces métaux concerne l’ensemble des participants adultes et enfants (plus de 97 % à 100 % de détection) ;

  • les niveaux mesurés chez les adultes étaient similaires en mercure dans les cheveux et nickel urinaire par rapport à ceux mesurés dans l’étude ENNS (Etude Nationale Nutrition Santé) en 2006-2007 ;

  • les niveaux mesurés chez les adultes étaient plus élevés en arsenic, cadmium et chrome que ceux mesurés dans l’étude ENNS en 2006-2007. Cette évolution était cohérente pour le cadmium et le chrome avec celle observée dans les études de l’alimentation totale (EAT1 et EAT2) de l’Anses ;

  • par ailleurs, les niveaux mesurés que cela soit pour l’enfant ou l’adulte en France étaient plus élevés que ceux retrouvés dans la plupart des pays étrangers (Europe et Amérique du Nord) sauf pour le nickel et le cuivre. »

Des dépassements de « valeurs-guide sanitaires » ont été observés pour l’arsenic, le mercure, le plomb « et plus particulièrement le cadmium avec un peu moins de la moitié de la population adulte française qui présentait une cadmiurie supérieure à la valeur recommandée par l’Anses. »

Des sources d'exposition

« Les déterminants de l’exposition mesurés, principalement alimentaires, étaient similaires à ceux observés dans la littérature :

  • la consommation de poissons et de produits de la mer influençait les concentrations en arsenic, chrome, cadmium et mercure ;

  • la consommation de céréales, celles en cadmium et lorsqu’elles provenaient de l’agriculture biologique, celles en cuivre ;

  • la consommation de légumes issus de l’agriculture biologique, celle en cuivre. »

« D’autres déterminants connus ont également été observés :

  • la consommation de tabac augmentait les concentrations en cadmium et cuivre ;

  • les implants médicaux, celles en chrome ;

  • les plombages, celles en mercure urinaire. »

Chez les fumeurs, le tabac entrainait une augmentation de plus de 50 % d’imprégnation en cadmiums.

Alimentation

« L’alimentation étant une des principales sources d’exposition, il apparait important de rappeler les recommandations du PNNS (1) et de diversifier les sources d’aliments, notamment concernant les poissons. Le poisson et les produits de la mer ont beaucoup de qualités nutritionnelles mais leur consommation influence les concentrations en arsenic, cadmium, chrome et mercure. Il est recommandé de consommer 2 fois par semaine du poisson dont un poisson gras en variant les espèces et les lieux de pêche. »

Pour les métaux les plus problématiques, l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir liste, à partir des documents publiés par SPF, les sources d'exposition, notamment alimentaires.

Conclusion

« Il est donc nécessaire de maintenir les études de biosurveillance pour suivre l’évolution des expositions aux métaux et poursuivre les mesures visant à les réduire, en agissant en particulier sur les sources d’exposition, compte tenu de leurs effets néfastes sur la santé (cancérogénicité, effets osseux, rénaux, cardiovasculaires, neurotoxiques…) », conclut SPF.

Des travaux, en partenariat avec l’Anses, la plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (SCA) et l’INRAE ont notamment été entrepris pour explorer les hypothèses concernant les concentrations en cadmium qui pourraient être attribuables à l’alimentation.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) Programme national nutrition santé (PNNS).

Psychomédia avec source : Santé publique France.
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