La population montréalaise n'a pas accès aux services promis par la réorganisation des services en santé mentale découlant du plan d'action gouvernemental adopté en 2005, selon un comité de travail en santé mentale regroupant des organisations syndicales et communautaires. Le bilan du gouvernement concernant cette réforme, qui devait être rendu en janvier, est toujours attendu.

Le comité est constitué par l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), le Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN (CCMM-CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), la Fédération des professionnelles (FP-CSN) et la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ainsi que le réseau d'organismes communautaires membres du RACOR.

Six ans après le lancement, par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, du plan controversé qui devait améliorer l'accessibilité aux soins pour les personnes atteintes de problèmes de santé mentale, les organisations dressent un sombre bilan de sa mise en œuvre.

"La réforme prévoyait de récupérer des millions de dollars des budgets des hôpitaux psychiatriques pour créer des guichets d'accès unique et rapprocher les services du milieu de vie de la clientèle. Des équipes de première ligne, composées d'intervenants des centres de santé et de services sociaux (CSSS), de médecins de famille, de psychiatres répondants ainsi que les ressources du milieu communautaire devaient disposer de moyens et travailler de concert pour prendre en charge les personnes délestées par les hôpitaux."

"Les personnes en crise ou dans l'obligation de faire renouveler ou réviser leur ordonnance n'ont plus accès au psychiatre qu'elles voyaient auparavant dans les grands centres hospitaliers et ne savent plus où se diriger. Elles ne peuvent être référées à un psychiatre répondant que par leur médecin de famille. Souvent ces gens n'en ont pas, à l'instar de la grande majorité des Québécois, et comme les références des médecins des cliniques sans rendez-vous ne sont pas reconnues, ils sont laissés à eux-mêmes." « Les intervenants des CSSS, tout comme ceux du milieu communautaire, les soutiennent à bout de bras et, ultimement, n'ont d'autre choix que de les retourner à l'urgence pour qu'ils puissent obtenir des services médicaux et psychiatriques, constate Johanne McGurrin, vice-présidente à l'APTS. On est loin de l'objectif recherché de continuité et de proximité des services. »

"Le plan ministériel prévoyait que les organismes communautaires reçoivent au moins 10 % de l'enveloppe des dépenses de santé mentale dans chacune des régions du Québec. Depuis six ans, le financement des organismes montréalais n'a jamais dépassé 5,3 %, alors que pour l'ensemble du Québec il a diminué de 7,3 % à 7 %." « Nous nous demandons si le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) veut vraiment maintenir un réseau d'organismes communautaires spécialisés en santé mentale, se questionne Daniel Latulippe, directeur général du RACOR. Des organismes doivent réduire leurs services et, faute de ressources humaines, ne peuvent plus participer à des rencontres de concertation avec le réseau public. Certains organismes penseraient même à se saborder parce qu'ils n'ont plus les moyens de réaliser leur mission. »

Le regroupement réclame de l'Agence régionale et du MSSS qu'ils complètent en priorité les équipes de travail interdisciplinaires, qu'ils débloquent les sommes budgétisées pour la réalisation du plan, qu'ils fassent la promotion des nouveaux guichets d'accès aux services et qu'ils s'assurent d'une étroite collaboration entre les réseaux publics et communautaires qui viennent en aide aux patients et à leur famille. Et, que le ministère fasse connaître son bilan.

Psychomédia avec sources:
FIQ (communiqué), Radio-Canada
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