Les personnes atteintes de schizophrénie qui ont des antécédents de violence présentent un dysfonctionnement des fonctions cérébrales liées aux émotions négatives qui n’est pas observé chez la majorité des gens schizophrènes, selon une étude québécoise publiée dans la revue Neuropsychiatric Disease and Treatment (NDT).

« Il est faux d’associer schizophrénie et violence », souligne Alexandre Dumais, professeur de psychiatrie à l’Université de Montréal, co-auteur.

« Dans les faits, un faible pourcentage de personnes qui souffrent de schizophrénie peuvent présenter des comportements violents envers leur environnement. »

« Bien que les personnes violentes en général aient des problèmes de gestion des émotions négatives, il n’y a que peu d’études de neuro-imagerie fonctionnelle qui ont examiné le traitement des émotions chez les hommes souffrant de schizophrénie ayant des antécédents de violence », explique Stéphane Potvin, également coauteur.

Avec leurs collègues (1), ils ont mené cette étude avec 60 hommes dont 20 atteints de schizophrénie avec des antécédents de violence grave (meurtre, tentative de meurtre, voie de fait avec lésions, menaces de mort avec une arme, etc.), 19 atteints de schizophrénie sans antécédents de violence et 21 qui ne souffraient d’aucune maladie mentale.

Des images cérébrales par résonance magnétique étaient prises alors que les participants se faisaient présenter des images à connotation émotionnelle positive, négative et neutre.

Les images négatives provoquaient des hyperactivations dans le cortex cingulaire antérieur, le gyrus lingual, et le gyrus précentral gauche chez les participants schizophrènes ayant des comportements violents. Ces régions sont connues pour être impliquées dans la gestion des émotions.

Il faudrait également étudier les personnes qui ont des antécédents de violence et qui n’ont pas de maladie mentale, explique le Dr Dumais. « Néanmoins, cette étude pousse à se demander si les manifestations de violence chez une minorité de personnes atteintes de schizophrénie ne sont pas dues à des facteurs extérieurs à la maladie mentale comme telle », conclut Stéphane Potvin.

(1) Andràs Tikàsz, Ovidiu Lungu, Christian C Joyal, Sheilagh Hodgins et Adrianna Mendrek.

Psychomédia avec sources : Université de Montréal, NDT.
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