La prévalence de la sclérose en plaques chez les femmes est trois à quatre fois plus élevée que chez les hommes. L'une des raisons est qu'ils sont protégés par l'hormone testostérone.

Des chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), ont découvert par quel mécanisme, ce qui ouvre potentiellement la voie à de nouveaux traitements.

Ils ont identifié une molécule protectrice, activée par la testostérone, qui semble protéger les hommes contre la maladie. Lorsque des souris femelles ont été traitées avec cette molécule, leurs symptômes ont été éliminés.

« Cette avancée suggère un mécanisme pour l'incidence réduite de la sclérose en plaques et d'autres maladies auto-immunes chez les hommes comparativement aux femmes », souligne Melissa Brown de l'Université Northwestern (Chicago).

Dans la sclérose en plaques, les cellules immunitaires s'attaquent à la gaine de myéline, une membrane qui entoure les axones des nerfs du cerveau et de la moelle épinière. La gaine agit comme isolant et aide à l'envoi des signaux nerveux du cerveau et de la moelle épinière au reste du corps. Les dommages à la gaine de myéline empêchent la conduction normale du signal nerveux et peuvent entraîner divers symptômes, notamment des troubles sensoriels, une perte de la fonction motrice et des déficits cognitifs.

Les chercheurs ont montré que la testostérone entraînait la production d'interleukine-33 (IL-33), une molécule messagère protectrice, par les mastocytes, un type de cellules immunitaires, chez les souris mâles. Cette molécule déclenche une cascade de réactions chimiques qui empêchent le développement de cellules immunitaires Th17 (Th pour « lymphocyte T helper » - lymphocyte T auxiliaire) qui peuvent attaquer directement la myéline.

Dans ce modèle murin de la maladie, semblable à la SEP chez l'humain, les femelles développent une plus grande réponse immunitaire Th17 que les mâles. Ces cellules Th17 attaquent et détruisent la myéline. Mais cette réaction a été annulée chez les femelles par un traitement avec l'IL-33.

Les femmes développent généralement la SEP à un plus jeune âge que les hommes et ont habituellement une forme récurrente rémittente de la maladie (qui progresse par poussées et rémissions). Les hommes développent la maladie plus tard dans la vie et elle continue habituellement à s'aggraver sans périodes d'amélioration (forme progressive primaire caractérisée par une progression lente et constante). L'évolution de la maladie chez les hommes est également corrélée à une réduction du taux de testostérone liée à l'âge.

La plupart des médicaments contre la sclérose en plaques agissent en supprimant le système immunitaire, ce qui rend plus vulnérable à certaines infections et/ou cause un malaise général, soulignent les chercheurs.

Des essais cliniques limités chez des hommes atteints de SEP ont montré que le traitement à la testostérone sur une période de 12 mois peut renverser partiellement les signes de dégénérescence de la myéline et des nerfs et atténuer les symptômes. Mais l'administration de testostérone à court terme n'est pas un traitement viable pour les hommes ou les femmes en raison de la multitude d'effets secondaires indésirables.

« Nos découvertes ont permis d'identifier de nouvelles cibles cellulaires et moléculaires plus spécifiques pour l'intervention immunitaire qui, nous l'espérons, mèneront à de meilleurs traitements qui laisseront intacts la majeure partie du système immunitaire », conclut la chercheure. « Cette voie protectrice déclenchée par la testostérone devrait aussi être étudiée dans d'autres maladies auto-immunes plus prévalentes chez les femmes », ajoute-t-elle.

Pour plus d'informations sur la sclérose en plaques, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Northwestern University, PNAS.
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