Une alimentation trop salée peut favoriser l'hypertension et pourrait même avoir un impact négatif sur l'évolution de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques (SEP).

Ces effets sont influencés par des changements dans les bactéries intestinales et les cellules du système immunitaire, montre une étude publiée dans la revue Nature.

Une alimentation très salée réduit la quantité d'un certain type de bactéries bénéfiques, ce qui entraîne la multiplication de cellules immunitaires pro-inflammatoires Th-17 (lymphocytes T auxiliaires ou helper) que des études précédentes ont liée à l'hypertension, bien que le mécanisme impliqué ne soit pas encore connu.

Les chercheurs ont aussi montré que le traitement au moyen d'un probiotique pourrait inverser ces effets.

L'équipe de Dominik Muller et Nicola Wilck du Max-Delbruck Center (Allemagne), en collaboration les équipes de Eric Alm du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) et de Ralf Linker de l'Université Friedrich-Alexander (Allemagne) ont mené cette étude chez la souris et chez l'humain.

Il est connu depuis longtemps qu'une alimentation trop salée peut entraîner des maladies cardiovasculaires. À mesure que le sodium s'accumule dans la circulation sanguine, le corps retient plus de liquide pour diluer le sodium, et le cœur et les vaisseaux sanguins doivent travailler plus fort pour pomper le volume supplémentaire d'eau, explique le communiqué du MIT. Ce qui peut entraîner un raidissement des vaisseaux sanguins, menant potentiellement à une hypertension, une crise cardiaque et un accident vasculaire cérébral (AVC).

Des données récentes ont également montré une implication du système immunitaire dans certains des effets d'une alimentation trop salée. Le laboratoire de Muller a déjà montré que le sel augmente la population de cellules immunitaires Th-17, ce qui stimule l'inflammation et peut mener à l'hypertension.

Muller et ses collègues ont également découvert que l'excès de sel peut entraîner le développement d'une maladie auto-immune semblable à la sclérose en plaques chez la souris.

Entre-temps, le laboratoire d'Alm a étudié les interactions des microbes intestinaux humains avec différents types de cellules immunitaires. Il a montré que l'équilibre entre les cellules pro-inflammatoires telles que Th-17 et les cellules anti-inflammatoires est influencé par la composition du microbiote intestinal. Les chercheurs ont également découvert que les probiotiques peuvent faire pencher la balance en faveur des cellules anti-inflammatoires.

Dans la nouvelle étude, ces chercheurs se sont associés pour déterminer comment une alimentation riche en sel affecte le microbiome et si ces changements peuvent être liés aux effets nocifs du sel sur la santé.

Pendant deux semaines, ils ont donné à des souris une alimentation comportant 4 % de sel, comparativement à 0,5 % pour les souris ayant une alimentation normale. Ce régime a entraîné une diminution des bactéries Lactobacillus murinus, une augmentation des cellules Th-17 inflammatoires, et une augmentation de la tension artérielle.

Mais lorsqu'elles ont reçu un probiotique contenant la bactérie Lactobacillus murinus (famille des lactobacilles), en plus de l'alimentation riche en sel, la quantité de cellules auxiliaires TH17 a diminué ainsi que la tension artérielle. Les probiotiques ont également atténué les symptômes d'un modèle animal de la sclérose en plaques.

Puis, dans une étude menée avec 12 volontaires, les chercheurs ont découvert que l'ajout de 6 000 milligrammes de sel (chlorure de sodium) par jour à leur alimentation, pendant deux semaines, modifiait également la composition des bactéries intestinales.

Les bactéries lactobacillus ont diminué et la pression artérielle des participants a augmenté ainsi que la quantité de cellules Th-17.

Cette étude identifie le microbiome comme étant un important facteur dans les maladies affectées par le sel, soulignent les chercheurs. Les mécanismes par lesquels les cellules Th-17 contribuent à l'hypertension et à d'autres effets néfastes du sel ne sont toujours pas connus.

« Nous apprenons que le système immunitaire exerce beaucoup de contrôle sur l'organisme, au-delà de ce que nous considérons généralement comme l'immunité », souligne Alm.

« La sclérose en plaques pourrait être l'une des maladies sensibles au sel que nous serions en mesure de traiter à l'avenir avec des probiotiques personnalisés en complément des immunothérapies standard », note Ralf Linker.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : MIT, Max Delbrück Center, Nature.
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