Peut-on consommer trop peu de sel ? C'est ce que suggère une étude épidémiologique internationale, publiée dans le New England Journal of Medicine, à laquelle a participé une équipe québécoise de l'Université Laval.

L'étude, à laquelle ont participé Gilles Dagenais et ses collègues (1), a estimé la consommation de sodium et de potassium dans l'alimentation de plus de 100 000 personnes provenant de 18 pays, dont 2800 ont été recrutées dans la grande région de Québec.

Ces valeurs ont été mises en lien avec leur pression sanguine et leur risque d'événements cardiovasculaires graves (insuffisance cardiaque, infarctus et accidents vasculaires cérébraux) et de décès au cours d'un suivi de 3,7 ans en moyenne.

Environ 90 % des participants avaient un apport quotidien en sodium élevé (plus de 6 g par jour) ou modéré (entre 3 et 6 g). Seulement 10 % se situaient sous les 3 g ; dans ce groupe, un maigre 4 % respectait la recommandation des autorités médicales américaines qui proposent une consommation quotidienne entre 1,5 et 2,3 g.

"Cette recommandation ne repose pas sur des études solides qui auraient démontré clairement qu'une faible consommation de sodium apporte des bénéfices pour la santé", souligne Gilles Dagenais. "Elle découle plutôt d'un courant de pensée qui veut que moins on consomme de sel, mieux on se porte."

Les résultats de l'étude suggèrent que cette conception des choses était mal avisée, souligne le communiqué de l'Université Laval. En effet, 3,3 % des participants sont décédés ou ont eu un problème cardiovasculaire grave pendant la période de suivi. Le risque de faire partie de ce groupe était 17 % plus élevé chez les gens qui consommaient beaucoup de sodium (plus de 7 g/jour) que chez ceux qui avaient une consommation modérée (entre 4 et 6 g).

Mais la surprise a été que les participants qui consommaient peu de sodium (moins de 3 g) avaient un risque 27 % plus élevé que le groupe intermédiaire. "On ignore ce qui cause cette hausse, mais on sait que le sodium est important dans plusieurs mécanismes physiologiques, dont l'équilibre hydrique, la régulation de certaines hormones et le fonctionnement des terminaisons nerveuses", rappelle le chercheur.

Une consommation quotidienne de sodium qui se situe entre 3 et 6 g, soit de 7,5 à 15 g de sel, semble optimale, indique-t-il. Les gens qui présentent des facteurs de risque comme l'hypertension devraient tendre davantage vers le 3 g. Par ailleurs, il faut s'assurer d'avoir suffisamment de potassium dans son alimentation. Ce dernier contrecarre les effets néfastes du sodium.

Ces résultats, ont souligné certains experts, devront être confirmés par d'autres études. Notamment parce que les études observationnelles qui montrent des corrélations ne prouvent pas que les liens observés sont de cause à effet même si elles en suggèrent la possibilité.

(1) Les autres membres de l'équipe québécoise étaient Ginette Turbide, Murielle Cayer, Anne Leblanc De Bluts et Anne-Sophie Bourlaud.

Psychomédia avec source : Université Laval
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