Des chercheurs de l'Université de Californie à Berkeley ont réalisé une avancée dans la compréhension des effets du stress sur la sexualité et l'infertilité.

Il était déjà connu que les hormones du stress inhibent l'hormone sexuelle gonadolibérine (ou GnRH) (1) produite par le cerveau, ce qui affecte négativement les spermatozoïdes, l'ovulation et l'activité sexuelle.
L'étude récente montre que le stress augmente aussi les niveaux d'une autre hormone sexuelle, la GnIH (2), qui est inhibitrice de la gonadolibérine. Cette hormone a été découverte il y a 9 ans chez les oiseaux et est aussi présente chez les humains et les autres mammifères. Elle freine la reproduction en inhibant directement la gonadolibérine.

Elizabeth Kirby, George Bentley et leurs collègues tirent ces conclusions d'expériences avec des rats. Mais si ces hormones agissent de la même façon chez les humains, cette découverte peut changer la façon dont les problèmes de fertilité sont abordés, considèrent-ils.

Chez les humains, le stress chronique peut amener une baisse de l'intérêt sexuel ainsi qu'une baisse de la fertilité. Même le stress des traitements de l'infertilité peut bloquer leur efficacité comme le suggèrent plusieurs anecdotes de couples réussissant à concevoir après l'échec de la reproduction assistée.

En se basant sur un modèle animal, les chercheurs attribuent la plus grande partie de l'effet du stress sur la fonction sexuelle à une augmentation des hormones de stress, dont le cortisol. Dans le cerveau, ces hormones suppriment la principale hormone de la reproduction, la gonadolibérine (ou GnRH,) ce qui entraîne un arrêt de la libération d'hormones gonadotrophines par l'hypophyse (3), ce qui affecte négativement la production les hormones sexuelles œstrogène, progestérone et testostérone.

Dans la perspective de l'évolution, il serait adaptatif que l'organisme ne consacre pas de ressources à la reproduction lors de stress aigus, commente Daniela Kaufer, co-auteur.

Chez des rats subissant un stress aigu, les niveaux de GnIH restaient élevés pendant plusieurs heures et étaient revenus à la normale le lendemain. Mais chez des rats stressés chroniquement, l'élévation de l'hormone inhibitrice était à long terme.

Il pourrait éventuellement être possible, selon Kaufer, de bloquer l'hormone GnIH afin de réduire certains des effets du stress sur la reproduction.

Ces travaux sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

(1) La gonadolibérine (ou GnRH, de l'anglais Gonadotropin Releasing Hormone) est une hormone produite par l'hypothalamus. Le rôle de cette hormone est d'entraîner la production par l'hypophyse de deux autres hormones qui influencent la production des hormones sexuelles oestrogène, progestérone et testostérone.

(2) Gonadotropin-inhibitory hormone.

(3) Hormone lutéinisante (LH) et hormone folliculo-stimulante (FSH)


Psychomédia avec source:UCBerkeley
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