Une résistance croissante du virus du sida aux traitements antirétroviraux est constatée en Afrique, selon une étude financée par la Fondation Melinda Gates et l'Union européenne et publiée dans The Lancet. La résistance n'atteint pas "les mêmes proportions que lorsque les premiers médicaments anti-VIH ont été mis sur le marché dans les pays à revenu élevé dans les années 1990", souligne toutefois l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué.

Silvia Bertagnolia de l'OMS et Ravindra Gupta de l'Université London College ont réalisé une revue systématique et une méta-analyse de plus de 200 études menées avec un total de 26 000 personnes en Asie, en Amérique latine, en Afrique et dans les Caraïbes.

La croissance de la résistance était importante en Afrique orientale (croissance de 29% par an, prévalence de 7,4% des souches virales qui sont résistantes) et australe (croissance de 14% par an, prévalence de 3%).

Aux États-Unis et en Grande-Bretagne par exemples, les taux de résistance avoisine les 10%. Mais lorsqu'une résistance se développe dans les pays riches, des médicaments de deuxième et de troisième ligne peuvent être utilisés, lesquels ne sont pas disponibles dans les pays pauvres.

Des mutations génétiques ont été identifiées dans une souche de virus HIV-1, la rendant résistante à la classe des inhibiteurs non-nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH (INNTI), à laquelle appartiennent notamment la névirapine (Viramune) et l'efavirenz (Sustiva), qui sont des traitements de première ligne. La résistance n'était pas en augmentation pour les autres classes d'antirétroviraux.

Les chercheurs suggèrent que changer le traitement de base de première ligne pour des inhibiteurs de la protéase du VIH (aussi appelés antiprotéases) pourrait améliorer les taux de suppression du virus et réduire la résistance.

Ils recommandent aux pays de mieux surveiller les cas de résistance et d'établir des circuits d'approvisionnement sûrs pour éviter les ruptures de stock (un problème chronique dans les pays pauvres) et les interruptions de traitements qui entretiennent la résistance.

En réaction à cette étude, l'ONG Aides appelle les pays du Nord à accroître leurs financements afin de permettre un accès à des traitements de seconde et de troisième ligne dans les pays du Sud. Il appelle à faciliter la production de génériques et l'ouverture des brevets des médicaments dans les pays en développement.

Alors que les États-Unis ont autorisé ce mois-ci le Truvada pour la prévention de l'infection chez des personnes séronégatives à risque élevé, plusieurs experts qui s'y opposent ont évoqué le risque d'augmentation de la résistance au médicament. Bien que ce dernier ait une efficacité pour prévenir l'infection, il ne peut contrôler seul une infection déjà présente. Si une personne devient infectée en le prenant, les souches qu'elle porte pourraient devenir résistantes au traitement.

Psychomédia avec sources: OMS, New York Times, Medpage Today, Le Monde. Tous droits réservés.