2009 - Un rapport du Centre d'analyse stratégique (CAS), remis à la secrétaire d'Etat Nathalie Kosciusko-Morizet, tente d'apporter une vision globale sur les phénomènes de "déclassement social" en France.

Le déclassement social se définit comme l'incapacité pour une personne de maintenir la position sociale de ses parents. Mais se sentent également déclassés des gens dont le travail ne correspond pas aux études suivies.
Les six chercheurs ayant réalisé cette étude intitulée La Mesure du déclassement reprennent à leur compte les travaux du sociologue Camille Peugny, selon lesquels de 22 % à 25 % des trentenaires et des quadragénaires sont aujourd'hui plus bas dans l'échelle sociale que ne l'étaient leurs parents, contre environ 18 % au début des années 1980.

Le phénomène du déclassement est donc, conclut le rapport, en progression mais dans une proportion moindre que le ressenti de la population à ce sujet. Les personnes appartenant aux générations nées après 1940 connaissent pour près de 40% une mobilité sociale ascendante et pour près de 40%, une immobilité.

« Le déclassement scolaire massif n'apparaît pas avéré », les inégalités sociales au sein d'une même génération sont plus prégnantes et « l'idée d'un déclin des classes moyennes, vraie dans certains pays, est démentie dans le cas de la France ». « La qualité moyenne des logements n'a cessé de progresser » et le niveau de vie médian a « augmenté de près de 85 % en euro constant depuis 1970 », indique l'étude.

En ce qui concerne les revenus, l'étude souligne le paradoxe d'une croissance continue du pouvoir d'achat, et d'un ressenti, par la population, très négatif. Un sentiment exprimé plus fortement par les classes moyennes alors même que leur niveau de vie a presque doublé en une génération (+ 85 % depuis 1970). "La perception du niveau de vie est affectée par une transformation des dépenses des ménages, plus souvent contraintes ou pré-engagées", analysent les chercheurs.

Ces dépenses contraintes contribuent, pour une partie de la population qui ne peut être objectivement considérée comme déclassée, à un sentiment de déclassement. Elles s'élevaient en moyenne à 21 % en 1979 et atteignent à présent 38 %. Ce phénomène est plus important dans les catégories modestes et il est souvent lié au logement. Ces personnes qui ne sont pas déclassées socio-professionnellement ressentent comme une frustration le fait de ne pas avoir accès à un logement ou à la propriété aussi facilement que leurs parents.

Au niveau du déclassement à l'embauche, les bacheliers forment le groupe le plus exposé au déclassement, tant salarial que professionnel, indique l'étude. Les diplômés de l'enseignement supérieur, en dehors des grandes écoles, connaissent aussi, désormais, des difficultés d'insertion sociale. Ce "déclassement" s'observe en particulier dans la fonction publique, où 64 % des jeunes recrutés seraient en titulaires d'un diplôme supérieur – voire très supérieur – à celui normalement requis pour passer le concours.

Dans l'ensemble, les jeunes, les femmes ou les personnes qui ont connu une longue période de chômage sont les plus touchés par le déclassement.

Graphique: L'évolution du statut social par rapport à la génération précédente chez les hommes et les femmes de 30-59 ans. Selon "Le déclassement" du sociologue Camille Peugny (source: Le Point).

Psychomédia avec sources: Le Monde, Le Point.
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