"La majorité des enfants qui sont placés en milieu substitut (confiés à un proche, famille d'accueil ou centre de réadaptation)" par le système de protection de la jeunesse (DPJ) au Québec sont réunifiés avec leur famille "naturelle" en moins de 6 mois, selon une étude québécoise publiée dans la revue Children and Youth Services Review.

Les jeunes enfants, en particulier ceux âgés de 2 à 5 ans au moment du placement initial, ont la plus faible probabilité de retourner vivre avec leur famille naturelle.

Tonino Esposito de l'Université de Montréal et ses collègues (1) ont analysé des données provenant de 16 centres jeunesse et du recensement canadien pour la province de Québec couvrant la période de 2002 à 2011. "Nous avons mené ces travaux car les services de protection de la jeunesse (…) disposent de peu d'informations longitudinales sur la trajectoire des enfants desservis" explique le chercheur.

"Tous les enfants placés, sans importance d'âge, sont moins susceptibles de retourner vivre avec leur famille s'ils ont été placés en raison d'abus sexuels, de difficultés familiales (toxicomanie, violence psychologique et émotionnelle) ou de manque de soin parentaux appropriés et adéquats (négligence physique, médicale et scolaire). De plus, l'insuffisance des ressources socio-économiques de la famille diminue considérablement les chances de réunification".

"77% des enfants suivis (par la protection de la jeunesse) ne sont pas placés dans des milieux substituts. La majorité de ceux qui sont placés connaissent des placements stables et finissent par vivre une réunification familiale".

"Un certain nombre d'enfants placés vivront toutefois des situations de placements caractérisées par l'incertitude, l'instabilité et la précarité. Ces travaux identifient deux sous-groupes distincts ayant des trajectoires de placement problématiques : les jeunes enfants vivant dans des environnements à risque et les enfants plus âgés pour qui les défis sont plutôt liés à des problèmes de comportement qui mettent leur sécurité et celle des autres en danger. Là encore, l'insuffisance des ressources socio-économiques de la famille naturelle va prédire ou non le placement de l'enfant. Chez les plus jeunes, c'est d'ailleurs le facteur le plus déterminant de prédiction de leur placement en milieu substitut."

"Si l'enfant doit être placé, déplacé ou réuni avec sa famille, cela aura lieu rapidement. Il importe donc de favoriser l'accès à un ensemble d'interventions et à des services communautaires dès le début de suivi par les services de protection de la jeunesse, spécifiquement des services en santé mentale pour les parents avec des jeunes enfants et pour les enfants plus âgés avec des problèmes de comportement. De plus, lors de l'intervention nous devons évaluer ce que nous faisons pour répondre à l'insuffisance des ressources socio-économiques des familles desservis", préconise le chercheur.

Cette étude est le troisième volet d'une analyse plus large consacrée à la trajectoire des enfants suivis par les services de protection de la jeunesse au Québec.

(1) Nico Trocmé (Université McGill), Martin Chabot (Université McGill), Delphine Collin-Vézina (Université McGill), Aron Shlonsky (Université de Toronto) et Vandna Sinha (Université McGill).

Psychomédia avec source: Université de Montréal
Tous droits réservés