Le Québec dépense davantage en soins de santé que le reste du Canada et les pays qui sont les plus efficaces dans ce domaine tout en offrant moins de services et en disposant de moins de médecins et d'équipements, selon un rapport des HEC de Montréal (École des hautes études commerciales). Le rapport plaide notamment pour l'implantation d'un financement par activité des établissements de santé.

Robert Gagné et ses collègues ont comparé la performance du Québec en matière de gestion de la santé à celles du Canada et de six pays reconnus pour leurs performances plutôt remarquables: Danemark, Finlande, Norvège, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni.

En 2009, le Québec dépensait 12,6 % de son PIB en services de santé, comparativement à 9,1 % à 12 % dans ces pays.

Malgré cela, pour la même année, près de 27 % de la population n'avait pas accès à un médecin de famille comparativement à 15,3 et 9 % au Canada et en Ontario. Le nombre de médecins au Québec est très faible comparativement aux pays étudiés: un peu plus de deux (2,14) pour 1 000 habitants, soit près de deux fois moins que la Norvège (4,0) et la Suède (3,7).

Les délais de traitement figurent parmi les plus longs des provinces canadiennes et des pays de l'OCDE. En 2009, plus de 23 % des patients dans l'attente d'une chirurgie non urgente ont été opérés dans un délai de trois mois et plus comparativement à 16,8 % au Canada.

Côté technologies de pointe, le Québec disposait par exemple de 6,78 unités d'imagerie par résonance magnétique (IRM) par million d'habitants en 2009 comparativement à 16,86 et 15,40 en Finlande et au Danemark.

Selon le dernier rapport du Vérificateur général sur la performance du réseau de la santé et des services sociaux, le Québec utilise très peu de mesures pour contraindre les établissements de santé à améliorer leur performance. Du côté des hôpitaux, comme il n'existe aucun lien entre le volume de patients traités et le budget alloué, rien n'incite ces établissements à mieux performer, souligne le rapport.

Or, ce serait justement parce qu'ils ont misé sur la concurrence que les six pays analysés offrent de meilleurs services à moindres coûts, indique Robert Gagné. Et ce, sans recourir à la privatisation.

Il apparaît essentiel de financer les établissements par activité, soutient le chercheur. Le gouvernement du Québec a pris une initiative dans ce sens, lors de son dernier budget 2012-2013, en constituant un groupe d'experts chargés de formuler des recommandations pour implanter ce mode de financement dans certains établissements de santé, rappelle-t-il.

Présentant une position différente, l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) a publié en juin dernier un document mettant en garde contre des effets pervers du mode de financement à l'acte, estimant notamment que ce mode, implanté à l'essai cet automne dans certains hôpitaux, pouvait ouvrir la voie à l'élargissement de la place du privé.

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