Qu'est-ce qui influence les femmes quand elles prennent des décisions pour la garde de leurs enfants qui va les amener à de futurs contacts avec un ex-conjoint violent ou contrôlant? La peur, les considérations pratiques et la croyance que leurs enfants vont souffrir si les deux parents ne sont pas dans leurs vies selon une recherche publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships.

Est-ce que la mère et le père vont être capables d'exercer leurs rôles de parents sans que la violence se poursuive? Cette question devrait être la principale considération dans la prise de décision au sujet de la garde des enfants, selon l'auteure, Jennifer Hardesty, professeur de l'université d'Illinois en développement humain et communautaire.

Malheureusement d'autres facteurs, incluant la peur, les considérations financières et la culpabilité de briser la famille influencent grandement ces femmes quand elles prennent des décisions concernant la garde, dit la chercheure.

Elle a mené des interviews élaborées avec 19 femmes abusées provenant de différents milieux et à différentes étapes du processus de divorce afin de développer un modèle théorique pour de futures recherches.

La peur

La peur était très importante dans la décision des femmes de quitter l'ex conjoint mais la culpabilité de briser une famille pèsait plus lourd dans les décisions de garde.

À part la peur d'être blessées ou tuées les mères craignaient que l'ex-conjoint fasse du mal aux enfants ou les enlève. Elles craignaient aussi d'avoir à se battre en cours.

La moitié des femmes croyaient que leurs avocats n'avaient pas mis de l'avant leur situation de victime d'abus. Une seule participante avait un avocat qui avait rapporté l'abus dans le dossier de divorce en y joignant des notes de menaces écrites par son ex-conjoint.

La culpabilité de briser la famille

Les mères essaient de prendre une décision qui équilibrent la sécurité (la leur et celle des enfants) avec l'importance de la relation père-enfant.

Cette croyance était renforcée par les amis, la familles et les institutions sociales. La recherche se déroulait dans deux comtés du Missouri (É.U.) où les parents ayant des enfants mineurs doivent participer à des rencontres sur les rôles de parents après le divorce. Malgré que les experts recommandent que les femmes victimes d'abus ne fassent pas partie de ces classes, et malgré que leurs avocats savaient qu'il y avait eu de la violence dans la relation, la moitié des femmes interrogées pour la recherche avaient été dirigées vers ces classes (dont les contenus ne sont pas appropriés à la situation particulière des relations avec violence).

Plusieurs d'entre elles parlaient de l'influence de ces classes sur leur pensée concernant la garde. Elles disaient savoir qu'elles ne pouvaient pas restreindre l'implication du père avec les enfants parce que ce n'était pas bon pour eux.

Les considérations pratiques

Les préoccupations pratiques jouent aussi un grand rôle dans la prise de décision.

Par exemple une femme a accepté un arrangement dans lequel les enfants vivaient avec leur père la semaine et avec elle la fin de semaine. "Je savais que je devais avoir mon travail. Je travaillais 60 à 70 heures par semaine. Si je les avais la fin de semaine je pouvais avoir du temps de qualité avec eux. Il avait le temps pendant la semaine de s'en occuper car il ne travaillait pas.", racontait une mère.

Une autre a accepté parce qu'elle craignait de ne pas trouver un service de garde abordable. Le conjoint lui a offert de payer le service de garde si elle lui accordait la garde 50/50. "Je me suis vraiment sentie comme si je n'avais pas le choix", dit-elle.

D'autres, ayant des problèmes de santé, craignaient ne pas avoir assez d'énergie pour passer à travers une bataille juridique pour la garde. "Mon avocat m'a dit, raconte l'une d'elle, si vous faites une dépression nerveuse, la garde peut vous être enlevée complètement."

Recommandation

L'auteure recommande d'abord que le système légal identifie les cas de divorce dans lesquels la violence est un facteur et dans lesquels l'implication du père est trop risquée et apprenne à ajuster les interventions pour rencontrer les besoins différents des parents qui ont des histoires de violence.

Cette étude a été publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships.

Voyez également:

- Comment les femmes abusées émotionnellement décident de quitter
- Indicateurs de risque d'homicide reliés à la violence conjugale
- Colère: La fréquence du trouble explosif intermittent sous-estimée