Environ un tiers des jeunes sportifs de 13 à 23 ans estiment avoir déjà été confrontés à une forme de violence sexuelle dans le contexte de leur sport selon les résultats d'une récente étude présentée par la ministre de la Santé, de la jeunesse et des sports Roselyne Bachelot à l'occasion de la présentation d'un "plan de lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles dans le milieu sportif".
La ministre était notamment en présence de l’ex-joueuse de tennis Isabelle Demongeot, auteure du livre "Service volé" dans lequel elle raconte neuf années d'abus sexuels de la part de son entraîneur, et conseillère technique auprès de la ministre pour ce plan.

Les auteurs de l'étude, Sabine Afflelou, psychiatre, et Greg Decamps, du laboratoire de psychologie de l’université de Bordeaux distinguent trois degrés de violences sexuelles. L'agression et l'atteinte (acte caractérisé par le non-usage de la force mais de la persuasion ou du conditionnement) qui concernent surtout les filles. Et le harcèlement, catégorie dans laquelle ils ont classé le voyeurisme, l’exhibitionnisme et les brimades, le plus souvent subi par les garçons, et qui constitue plus de la moitié des cas.

L'entraîneur n'est pas l'accusé le plus fréquent. Selon l'enquête ce sont le plus souvent des sportifs qui agressent d’autres sportifs. Il existe plusieurs contextes. Des lieux comme les vestiaires, les douches, des situations de groupe, comme les fêtes après les compétitions, ou certains rites d’initiation.

Il y a aussi la relation asymétrique entre entraîneur et entraîné. Le premier est investi d’une mission par les parents, c’est lui qui va mener à la victoire. Et cette autorité débouche parfois sur des abus de pouvoir. Il y a un effet de sidération de la victime, qui va subir sans se révolter.

"Les parents baissent leur garde, pensent : "C’est le sport, ça ne peut faire que du bien." Mais non. Le sport ne protège pas. Peut-être même qu’il vulnérabilise… Le rapport au corps y est particulier", commente Sabine Afflelou interrogée par Libération.

"Il y a un réel besoin de faire évoluer les pratiques et les mentalités. La loi du silence persiste dans le monde sportif, qui fonctionne en vase clos. Les jeunes sportifs ont énormément de craintes et de réticences à parler de ces violences. Les premières victimes à avoir dénoncé de tels actes ont souvent été exclues du milieu sportif, alors que les agresseurs sont restés en place", affirme Greg Decamps.

Parmi les mesures annoncées par la ministre, se trouve la signature par tous les présidents de fédérations sportives françaises de la "Charte relative à la prévention des violences sexuelles dans le sport" qui fixe des règles et définit les rôles des différents acteurs.

Une campagne d'information et de communication, avec le slogan "Sportif oui, victime non", va aussi être lancée avec la mise en place d'un numéro vert d'appel spécial.

PsychoMédia avec sources:
Europe 1
Libération

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