Voilà, j'ai fait de la médecine humanitaire pendant quelques temps. J'ai vécu une situation très difficile il y a 6 ans en cours de mission où j'ai été confronté à la barbarie, à l'impuissance, à la culpabilité. J'ai senti ma vie basculer du jour au lendemain. Plus de repère, plus de base, plus de sommeil mais des cauchemars à n'en plus finir. Je n'ai eu aucune aide au retour. J'ai fait moi même le diagnostic 2 ans après le retour. Je dormais entre 2 et 4 heures par nuit. Je vivais en permanence en Tchétchénie, je voyais sans cesse les visages de la population appelant à l'aide.... J'ai commencé à être traité parce que j'ai développé une dépression sévère.
Au Quebec où j'étudiais pour 2 ans, j'ai été hospitalisé. Le diagnostic de SPT a été posé et on m'a fait des EC. Rapatriée en France, ça a été une succession de traitement médicamenteux, de diagnostic allant même pour finir vers une psychose. Malgré les médocs, j'avais toutes les classes possibles existant sur le marché. Je souffrais toujours autant. Mes nuits étaient envahies par toujours des cauchemars (bombardements, violence, course poursuite...) Après 6 ans de galère, j'ai rencontré un psy, voilà 6 mois, qui m'a fait reprendre confiance avec une phrase toute simple. C'est NORMAL, vous avez vecu des evenements difficiles et vous avez du mal à vous en remettre. Depuis ce jour, la dépression s'est nettement améliorée, je pense même que c'est fini. Je ne prends plus qu'un demi cp d'hypnotique... Je refais surface. Ce qui est curieux c'est que j'ai toujours pu travailler, j'étais le lendemain de mes 6 ou 7 hospitalisations toujours présente au boulot. Aujourd'hui, je vais très bien. Les nuits sont toujours occupées par des cauchemars. J'ai adopté des lignes d'évitement (films violents, actualités, retour sur ma mission...) Je ne sais pas si c'est bien, mais c'est la seule façon pour moi de fonctionner. Maintenant se pose la question de reconnaissance par l'ONG du problème. Et oui, j'ai péter les plombs car j'étais fragile, selon eux. Ce n'est pas l'idée que j'avais de moi et que ma famille et mes amis avaient de moi. Vous n'êtes pas bien et en plus on vous culpabilise! Mais voilà, je ne sais pas ce que je dois faire. Me confronter à nouveau à ce passé me fait peur, j'ai fini par douter sur le diagnostic devant mon errance dans le monde médical. Est-ce vraiment un ETPT? Ne suis je vraiment pas folle? Et je sais que la guérison si elle existe passe par la reconnaissance du problème. Je croyais pouvoir me passer des médocs il y a 15 jours. Mais je constate que sans, je ne dors plus (cauchemars, nuits blanches), j'ai la trouille au ventre. Je suis décue je croyais être guérie!!!