Environ 10% des aliments transformés vendus au Québec contiendraient des OMG (organismes génétiquement modifiés) dont 3% seulement contiendraient des teneurs appréciables (au-dessus de la limite de 1 % fixée par l'Union européenne pour l'étiquetage obligatoire), selon une étude en laboratoire de l'Université Laval réalisée pour le compte du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ).

Les analyses ont montré la présence d'OGM, entre 2005 et 2008, dans des produits comme le pain blanc, les biscuits, les farines, les saucisses fumées, le maïs en conserve, la nourriture pour bébé en pot et même le lait de soya pourtant certifié biologique.

Cette étude, dirigée par le professeur Dominique Michaud, visait 36 produits transformés contenant du maïs, du canola et du soya, en raison de la forte probabilité d'y rencontrer des OGM, ces trois plantes étant de plus en plus cultivées sous cette forme. Elle incluait également des produits à base de papaye, un fruit génétiquement modifié exclusivement lorsqu'il a été importé d'Hawaï, et des tomates, dont quatre versions transgéniques ont été homologuées au pays sans qu'aucune de ces variétés ne soit commercialement exploitée.

Les fruits et légumes frais étaient exclus car seules quelques variétés de pommes de terre et de tomates génétiquement modifiées sont approuvées pour la commercialisation, mais aucune n'est cultivée actuellement au Québec. La viande, le lait et les oeufs ont également été écartés car le processus de digestion des animaux détruirait les OGM entrant dans leur alimentation.

Des transgènes ont été détectés dans 20 des 36 produits sélectionnés. Dix-sept de ces aliments ne contenaient que des traces alors que trois présentaient «des teneurs appréciables». Parmi eux, des barres tendres à base de céréales dans lesquelles les OGM représentaient 13 à 27 % du contenu, des gâteaux emballés (33 %) et de la farine de maïs (82 à 92 %).

«C'est dans la farine de maïs que l'on en a finalement trouvé le plus, indique M. Michaud. Et c'est étonnant puisque l'on dit depuis toujours que le maïs OGM est surtout utilisé dans l'alimentation des animaux. Mais on a la preuve ici qu'il y en a aussi dans l'alimentation humaine.»

Même si la moitié des produits testés contenaient des OGM, leur proportion réelle dans le panier d'épicerie des ménages, qui contient également de la viande, des boissons et des fruits et légumes qui ne sont pas génétiquement modifiés, fait «qu'entre 9 et 10 %» des aliments consommés contiendraient des transgènes.

Cette étude, mentionne le chercheur, contredit le mythe voulant que les trois quarts des aliments offerts à l'épicerie contiennent des OGM. Si des gènes ajoutés en laboratoire sont présents dans les ingrédients de base, cela ne veut pas dire qu'ils se retrouvent dans les produits finis, explique-t-il.

Selon les informations obtenues par Le Devoir, l'analyse de M. Michaud doit alimenter la réflexion du gouvernement Charest sur un possible étiquetage obligatoire des aliments contenant des OGM, une promesse électorale faite en 2003.

En décembre dernier, rappelle le Devoir, le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) en France a ranimé les craintes au sujet des OGM en publiant une étude qui évoque la toxicité de trois souches de maïs génétiquement modifiés, le MON810, MON863 et le NK603, administrés à des rats lors d'études en laboratoire. Ces trois souches ont été identifiées par l'étude de M. Michaud dans les produits soumis à l'analyse.

Psychomédia avec sources:
Le Devoir
Cyberpresse