Voyez également : Alimentation pour prévenir le cancer : nouvelles recommandations de l'American Cancer Society (2020).

Le cancérologue français David Khayat, chef du service cancérologie à La Pitié-Salpêtrière (Paris), fait le point sur les liens entre nutrition et cancer dans son livre « Le Vrai Régime anti-cancer » (Odile Jacob), écrit en collaboration avec la nutritionniste Nathalie Hutter-Lardeau, dont Le Nouvel Observateur publie les conclusions et des extraits.
« Aucun aliment ne suffit à donner le cancer, aucun ne le prévient à coup sûr », souligne-t-il.

« (...) un cancer couve parfois pendant quinze ans, et ce n'est pas parce qu'un homme boit des litres de jus de grenade qu'il empêchera la cellule cancéreuse qui est en chemin de s'arrêter. Peut-être pourra-t-il simplement la retarder... »

De plus, nous ne sommes pas égaux devant l'alimentation et le risque de cancer. Chaque individu a sa chimie personnelle, qui dépend de son patrimoine génétique. Certes, le pouvoir antioxydant de nombre d'aliments est avéré : thé vert, ail, chou ou pruneaux sont capables de réparer nos gènes, de détoxifier des substances cancérigènes, voire de provoquer le suicide de cellules cancéreuses ! Mais l'ordonnance n'est pas garantie pour tout le monde.

En revanche, ce qui perturbe nos cellules jusqu'à les rendre malignes est aujourd'hui incontesté : certains pesticides, polluants, conservateurs ou additifs alimentaires. Et c'est souvent parce qu'ils contaminent des produits considérés comme protecteurs que ceux-ci peuvent basculer sur la liste rouge : tels fruits et légumes non bio, et même ces fameux poissons gras, riches en oméga 3, mais aussi en mercure.

Voici quelques-uns des sujets abordés dans le livre et résumés dans Le Nouvel Observateur :

Cinq fruits et légumes par jour ne réduisent pas les risques de cancer, bien que leur action contre le diabète et les maladies vasculaires ne soient pas contestées. Pire ils pourraient le favoriser car 70 % des pesticides que nous absorbons proviennent des végétaux. Conseil : les laver à l'eau savonneuse et les rincer à grande eau si l'on n'a pas le budget pour les acheter bio.

Il n'y a pas de lien entre la viande rouge et le cancer du côlon. Encore une légende née d'une accumulation d'erreurs et d'imprécisions de certains chercheurs, s'insurge l'auteur qui s'appuie sur deux études qui réfutent ce mythe.

Les oméga-3 de poissons sont bons pour la santé. Ils sont bourrés de métaux lourds : dioxine, arsenic, polychlorobiphényls (dits aussi POP, polluants organiques persistants), méthylmercure, cadmium, plomb... Des métaux qui se nichent dans le gras des poissons et sont très peu biodégradables. Plus les poissons se situent en haut de la chaîne alimentaire, plus ils sont contaminés. Poissons d'élevage et sauvages sont logés à la même enseigne, car « il est impossible de contrôler leur nourriture ». Heureusement, maquereaux, anchois ou sardines, eux aussi riches en oméga 3, sont plus faiblement concentrés en mercure. Conseil : « Eviter le saumon, le thon rouge et l'espadon. Favoriser les poissons de mer maigres comme la sole, la dorade et le bar. Mieux se renseigner sur la provenance des poissons car la contamination n'est pas la même dans toutes les eaux ».

Le vin n'est pas cancérigène dès le premier verre contrairement à ce qu'a affirmé l'Institut national du Cancer il y a un an. Bu avec modération, particulièrement le vin rouge, a des vertus anticancer grâce à sa teneur en resvératrol, un puissant antioxydant qui a le pouvoir de bloquer la maladie à plusieurs stades de son évolution.

Il aborde aussi l'importance des modes de cuisson et des ustensiles de cuisson.

Les compléments alimentaires de vitamine E sont à éviter. Le fer et la beta-carotène pourraient aussi favoriser certains cancers.

De bons aliments


La grenade

Bourrée d'antioxydants dans le jus et la peau, « son action serait trois à quatre fois supérieure à celle du vin rouge ou du thé vert », écrit David Khayat, pour qui la grenade est « l'un des plus puissants agents alimentaires préventifs du cancer ». Pour les hommes, il ralentirait les cellules cancéreuses de la prostate, et pour les femmes, il aurait des effets bénéfiques sur certains cancers du sein. (En vente dans les magasins bio et certains supermarchés autour de 6 euros le litre.)

Le curcuma

« Le curcuma est capable de détoxifier des substances cancérigènes, de bloquer la prolifération de très nombreux types de cellules cancéreuses et de stimuler leur suicide », écrit-il. Pour intensifier ses principes actifs, il conseille de l'associer à d'autres aliments comme le soja (et germes de soja) ou le thé vert. Mélangé à de l'huile d'olive et du poivre noir, il assaisonne légumes, riz ou poisson.

Le thé vert

Ses substances antioxydantes, dont la plus importante est l'EGCG, un polyphénol capable de provoquer le « suicide » des cellules cancéreuses, d'« inhiber la formation des néovaisseaux sanguins qui sont censés leur apporter du sang frais », et réduisant ainsi la diffusion du cancer dans le corps, donc les métastases.

L'ail et l'oignon

Ces aliments composés d'allicine, « un puissant antioxydant, antiviral, anticarcinogène et détoxifiant », jouent un rôle majeur dans la prévention des cancers de l'estomac (avec une réduction du risque de 40 % chez les gros consommateurs) et du côlon. Attention : l'ail, s'il n'est pas écrasé ou coupé en petits morceaux, ne peut libérer tout son pouvoir thérapeutique...

La quercétine

On en trouve naturellement dans les piments forts jaunes et le cacao, mais surtout dans les câpres et la livèche. La quercétine est un des flavonoïdes qui a démontré de façon nette sa capacité à réduire l'effet cancérigène du tabac, écrit David Khayat. Très bon, donc, pour les fumeurs.

Le sélénium

Pris sous forme de complément alimentaire, cet oligo-élément a fait la preuve de son efficacité contre le cancer, en particulier celui de la prostate. Il pourrait même réduire le risque de cancer du poumon et du côlon. On ne lui connaît pas d'effets toxiques.

Psychomédia avec source : Le Nouvel Observateur
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