Peu de temps après avoir reçu un diagnostic de syndrome d'Asperger (dit autisme à haut niveau de fonctionnement), une femme de 48 ans témoigne, dans un article publié sur CNN (où elle occupe un poste de gestionnaire), sur ce que c'est que d'être une aspie. En voici quelques extraits.

(...) Nous avons tendance à avoir des intérêts spécialisés, et nous en parlons pendant des heures, à l'infini, que vous soyez intéressé ou pas. Reconnaissant ma tendance à monologuer, je choisis souvent le silence, quoique peut-être pas assez souvent.
En raison de notre vocabulaire étendu et de notre manière de parler sans inflexion, on nous qualifie de "petits professeurs" ou d'arrogants.

Je ne comprends pas très bien le bavardage, et au début de ma vie adulte, les bévues sociales étaient fréquentes. Aux réunions, je débute le travail sans les salutations sociales attendues. Ce n'est pas que je ne me soucie pas des gens, mais que je suis très concentrée sur les tâches. Je dois me rappeler de saluer les gens.

(...) On croit à tort que les aspis n'ont pas le sens de l'humour. Il est vrai que nous pouvons être très "littéraux" (prendre les mots au premier degré ou au pied de la lettre), alors l'humour des blagues quotidiennes nous échappe souvent, mais nous pouvons apprécier l'humour même subtil. Nos interprétations littérales, toutefois, peuvent être problématiques.

"Je n'ai pas la capacité de lire les émotions dans les expressions faciales. Je compense en écoutant les inflexions dans la voix des gens et en utilisant la logique pour déterminer le contexte émotif. (...)"

"J'ai aussi des sens très développés - le toucher, le goût, l'odorat, la vue, l'ouie. (...) Dans un environnement animé, je deviens éventuellement surchargée sensoriellement et mon esprit devient vide. Quand cela arrive, je dois "quitter" mentalement pour une brève période afin de retrouver la concentration. Quand je reviens, je dois mettre ensemble les morceaux de ce qui s'est passé pendant mon absence (...). Répondre rapidement en faisant tout ce traitement est difficile, et parfois impossible."

Je suis si sensible au toucher qu'un chatouillement me fait mal. (...) J'évite d'être touchée sauf par ceux qui ont appris comment.

(...) Je suis mariée (wow!), et mon brillant mari est un "sweetheart" absolu. Je ne connais aucun autre homme qui a assez de confiance en soi pour supporté d'être repoussé parfois brusquement, mentalement et physiquement, aussi souvent qu'il l'a été. Il a été gentil et patient (et, oui, souvent épuisé émotionnellement) alors que nous travaillions tous les deux à composer avec mon besoin d'espace, ma tendance à aller si profondément dans mon propre monde que le monde réel et quiconque cessent d'exister, et ma sensibilité au toucher durant les 26 ans de notre mariage.

Je vis avec anxiété parce que le monde peut être écrasant et que les gens ont des attentes que, tôt ou tard, j'échoue à rencontrer.(...)

(...) Mais si vous pouviez vivre dans ma tête une seule journée, vous seriez touché par toute la beauté que je perçois dans le monde avec mes sens aiguisés. Je n'échangerais pas cette beauté pour la normalité."

Psychomédia avec source: Asperger's: My life as an Earthbound alien. CNN
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